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Le marché mondial des talents existe

« Il n'existe pas de marché mondial des hauts dirigeants ». A l'abri de cette pétition catégorique, ISF, taxation à 45 et 75%, plafonnement des revenus pourraient être mis en place dans notre pays sans risque de fuite des talents. A vérifier.

Sir Lindsay Owen-Jones, Christophe A. Viehbacher, Lars Oloffson, Carlos Ghosn, Ben Verwaayen ne sont pas des patronymes vraiment franchouillards. Pourtant, ils sont, ou ont été récemment à la tête de L'Oréal, Sanofi-Avantis, Carrefour, Renault et Alcatel. Avec des succès divers, mais, incontestablement, les conseils d'administration ou les actionnaires de ces entreprises les plus prestigieuses de France ont estimé devoir aller chercher leurs plus hauts dirigeants sur le marché mondial.

Il est vrai que de nombreuses autres entreprises sont dirigées exclusivement par les élites bien françaises. C'est notamment le cas des établissements financiers, domaine réservé des hauts fonctionnaires (AXA, AMF, BNP, Société Générale, CDC, BPCE, …). Et aussi pour les entreprises industrielles historiques (EDF, GDF, SNCF, RATP, Air France, EADS) réservées aux ingénieurs des Grands Corps.

La tragi-comédie actuelle de la recherche du nouveau DG de la CNP Assurances donne une idée de cette parfaite consanguinité. Pourvoir ce poste ne constituait pourtant pas une surprise, son prédécesseur étant parti parce qu'il avait atteint la limite d'âge règlementaire. Trois candidats sont actuellement sur les rangs : Augustin de Romanet, Antoine Lissowski, Jean-Pierre Menanteau, tous les trois étant des Sciences Po/ENA typiques. Le tout nouveau président de la CNP est Jean-Paul Faugère qui a suivi la même filière, avec en plus Polytechnique, et le nouveau président de la CDC, organisme qui chapeaute la CNP, est Jean-Pierre Jouyet, tout aussi Sciences Po/ ENA.

Pour ces entreprises, le problème ne vient pas du risque de voir trop de leurs hauts dirigeants débauchés sur le marché mondial, mais de celui de ne pas en voir assez, et donc de ne pas offrir de places à des dirigeants atypiques. On imagine le choc salutaire que pourrait constituer l'arrivée d'un Allemand, d'un Australien ou d'un Japonais à la tête de la SNCF ou de la CNP.

La difficulté d'attirer en France des sommités mondiales actuelles (entrepreneurs, dirigeants, chercheurs, artistes, athlète, etc.), ou de retenir ceux qui vivent en France, constitue un problème réel pour notre pays.