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Égalité salariale femme / homme : encore des lois et des promesses

Dès ce mois-ci, François Sauvadet, ministre de la Fonction publique, fera voter une nouvelle loi pour forcer la parité dans des milliers de postes de la haute fonction publique. Et dans son programme, François Hollande a promis de réaliser, dans tous les secteurs, l'égalité effective des salaires entre hommes et femmes. Sur l'objectif, tout le monde est d'accord ; mais si la cause du problème n'est pas identifiée, quelle chance a-t-on de le résoudre ?

En 2008, quand Carla Bruni et Nicolas Sarkozy ont décidé de se marier, la question de savoir lequel ou laquelle abandonnerait sa carrière ne semble pas les avoir effleurés. Ni même si Madame Bruni-Sarkozy allait continuer sa carrière en parallèle avec celle du Président. Pire, ces deux questions n'ont été soulevées ni par les media ni par les Français : c'était évident pour tous, elle devait abandonner sa profession.

La responsabilité des employeurs

Les principaux accusés pour l'écart de positions et de salaires (25 %) entre les hommes et les femmes sont les employeurs privés et publics. Le problème est en effet le même dans les administrations, universités, centres de recherche, et dans les entreprises. Et il y a certainement une part de vrai dans cette affirmation, encore qu'elle soit difficile à quantifier. Dans le secteur privé notamment, les patrons sont vivement intéressés à la réussite de leur entreprise, qui dépend de la qualité et de la performance de leurs salariés. Il est difficile de croire qu'un vendeur automobile femme plus performante que ses collègues masculins, sera moins bien traitée qu'eux. Un biais défavorable aux femmes existe certainement encore, notamment à l'embauche, qui explique peut-être 15% du problème.

La responsabilité des hommes et des femmes dans la vie professionnelle (et politique)

Le nombre de métiers qui étaient interdits en théorie ou en pratique aux femmes (conducteurs de bus/métro/camions, pilote d'avion, chirurgien…) a beaucoup baissé grâce à l'évolution des mentalités et de la technologie. Mais il se dit encore que les hommes n'aiment pas être dirigés par des femmes, et les femmes non plus. Et comme la plupart des dirigeants en place sont des hommes, le handicap est réel pour les femmes, mais qui s'est fortement atténué. Évaluation 2012 : 10%

La responsabilité des parents et de l'Éducation nationale

Les filles réussissent nettement mieux que les garçons en primaire, au collège et au lycée. Mais, entre la terminale et les études supérieures, il se produit une distorsion étrange : les filles s'orientent vers des filières moins scientifiques, moins prestigieuses et offrant moins de débouchés. Il y aurait lieu de se pencher sur cette situation paradoxale, les enseignants et les parents reproduisant sans doute le schéma de leur propre expérience. Néanmoins, les femmes sont devenues majoritaires en médecine, écoles de commerce et écoles du ministère de la justice par exemple. Note : 10%

La responsabilité des véritables responsables

Les statistiques montrent que même pour les emplois de cadres très qualifiés, les jeunes femmes progressent aussi rapidement que leurs collègues au début de leur carrière. C'est également le cas dans la fonction publique (enseignants par exemple) où les carrières sont très uniformes. Mais les évolutions divergent dès qu'elles se marient ou s'engagent vraiment dans une vie de couple. Les femmes abandonnent plus souvent leur poste pour suivre leur compagnon dans une autre ville ou un autre pays que l'inverse, et au mieux, elles y acceptent un travail moins qualifié.

Espoir, sans loi ni quota- PDG d'IBM : Virginia Rometty
- PDG de Pepsi : Indra K. Nooys
- PDG de Petrobras : Maria Foster
- PDG de HP : Meg Witman
- PDG de Xerox : Ursula Burn
- Leader Patrouille de France : Virginie Guyot

Simplement parce que ces entreprises recherchent désespérément les meilleur(e)s.

Avec l'arrivée des enfants, le problème s'aggrave. Un certain nombre de femmes abandonnent alors leur travail, même si c'est nettement moins fréquent en France qu'à l'étranger, en Allemagne par exemple. Mais beaucoup plus de femmes que d'hommes restent à la maison quand un enfant (ou un parent) est malade, ou ne travaillent pas le mercredi, ou s'absentent pour assister à des conseils de classe fixés à 17 heures en semaine, ou ont des difficultés à partir plusieurs jours pour suivre des formations ou visiter des clients ou des fournisseurs à l'autre bout de la France ou à l'étranger.

Ces choix sont tout à fait légitimes s'ils sont compris et assumés par le couple, même s'ils sont devenus encore plus risqués à moyen et long termes vu l'augmentation de la durée de vie et le taux de séparations. Mais, voulus ou pas, ces choix pénalisent automatiquement les carrières des femmes. Les médecins femmes, qui ont fait 12 ans d'études, travaillent en moyenne une journée de moins par semaine que leurs confrères. Si c'est durable, cela aura vraisemblablement des conséquences sur leur compétence, et si cela se passe à l'hôpital ou dans une clinique, cela aura certainement des conséquences sur leur carrière.

En 2012, avec la baisse de tous les autres, ce dernier facteur est devenu prépondérant. Les lois et les promesses n'y changeront rien, risquant seulement de conduire les employeurs à embaucher moins de femmes ou à promouvoir des femmes moins compétentes que les hommes pour respecter les quotas. Comme toujours, comme pour les déficits de la France, la tentation est forte de rejeter la responsabilité sur les autres : les employeurs, les hommes, les femmes, les enseignants, les parents. Malheureusement, la cause de ce problème est dans chacun de nous. En 2008, le couple présidentiel aurait pu passer un message fort en servant de modèle : il n'est peut-être pas trop tard !