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Comment la France perd ses riches sans s'en apercevoir

Le nombre de fortunes en France par rapport à ses voisins pose question

L'accroissement du nombre des riches en France est trompeur. Les millionnaires sont nombreux lorsqu'il s'agit d'immobilier et de résidence principale, c'est-à-dire riches d'un patrimoine dont la valorisation leur échappe grandement et qui est très peu liquide. Ces derniers croissent de 233.000 entre 2013 et 2014, plus que dans aucun autre pays européen à part nos voisins britanniques +514.000. Si on les extourne, les résultats sont beaucoup moins flateurs (+22.000 seulement). En réalité le manque se situe avant tout à des niveaux de richesse où l'on retrouve des sérial entrepreneurs et des capitaux risqueurs fortunés (>30 M€ et >100 M€) ; ceux qui peuvent risquer leur argent sans être pourtant milliardaires. Là les statistiques françaises sont les plus mauvaises des grands pays européens. Enfin, la France perd des riches. C'est même le pays européen qui en a perdu le plus entre 2000 et 2014, -42.000 alors même que leur nombre croît en interne spontannément, tiré par la hausse de l'immobilier. Cela représente près de -3.000 par an, ce sont les plus mobiles, détenteurs d'actifs les plus liquides, donc ceux qui sont à comparer aux +5.000/an liés aux capitaux cotés. Le "solde" reste donc positif mais faible par rapport à nos concurrents européens directs (à comparer aux Anglais dont les millionnaires "mobiles" à capitaux cotés s'accroissent de 125.000 par an dont un flux entrant de 8.900 par an). Le Royaume-Uni nous taille donc des croupières faisant jeu égal avec l'Allemagne en nombre et en qualité de patrimoine. De quoi nous faire réfléchir.

Pourquoi se plaindre ? Dans un article de presse récent basé sur l’étude annuelle du BCG (Boston Consulting Group) Global Wealth 2015, il est évoqué que d’ici 2019, le nombre de millionnaires (hors immobilier et parts détenues dans une entreprise non cotée) devrait exploser de + 60%. Cette bonne nouvelle étant donnée, les conditions fiscales réservées aux plus fortunés en France (les HNWIs en acronyme anglo-saxon (pour High Net Worth Individuals)) a de quoi surprendre, même si le décrochage français par rapport à ses voisins européens est bien réel (nous sommes 11ème si l’on ne retient que la fortune investie dans des entreprises cotées). La France en effet affiche un nombre de millionnaires ainsi entendu de 230.000 en 2014, contre 225.000 en 2013, soit + 5.000 millionnaires en un an. Et c'est très peu surtout si l'on compare par rapport à notre voisin britannique avec +125.000 millionnaires "boursiers". 

Évidemment, ces évolutions de fortunes tiennent compte essentiellement du cours de bourse et de change (puisqu’il s’agit de millionnaires en dollars) ; cependant, l’écart est très significatif avec l’Allemagne (350.000) ou même la Suisse (461.000), ou la Grande-Bretagne (731.000). Et les augmentations sur deux ans entre 2013 et 2014 pour chaque pays considéré sont à l’avenant : +125.000 pour le Royaume-Uni, +46.000 pour la Suisse, +12.000 pour l’Allemagne ; même la Belgique fait mieux que la France en deux ans avec +9.000 millionnaires, pour un nombre total de millionnaires de seulement 30% inférieur par rapport à l’hexagone[1].

Comparer la dispersion des individus les plus fortunés par pays 

L’aversion des Français pour la bourse est assez proverbiale. La mise en évidence des patrimoines des fortunés par rapport à leurs actifs cotés, telle qu’effectuée par le BCG est une indication intéressante mais comporte nécessairement un biais. Qu’en est-il de la richesse non cotée, qu’elle soit immobilière ou non, avec et sans tenir compte de la résidence principale ? Plusieurs études permettent de faire le point sur ces différents secteurs de population. Et à chaque fois la performance française est généralement à relativiser. Il suffit de lire les chiffres (avec prudence toutefois car certains sont obtenus par des moyens économétriques qui doivent être maniés avec précaution (voir Irdeme, Crédit Suisse, les millionnaires sont-ils inventés?), on préfèrera parler d'ordre de grandeur et de tendances).

  • Si l’on retient les millionnaires en tenant compte de leur fortune globale : Il est possible de s’appuyer sur l’étude annuelle réalisée par la banque Crédit Suisse ; en particulier sur son data year book, pour les années disponibles 2010 à 2014. La France apparaît alors comme le premier pays d’Europe pour le nombre de ses millionnaires (2,4 millions), loin devant la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. Pour autant, à part l’Italie, il s’agit du pays qui voit le nombre de ses millionnaires (en dollars) s’accroître le moins (+244.000) par rapport à l’Allemagne (+924.000 ou la Grande-Bretagne (+813.000). Même par rapport à la Suisse par exemple, qui d’après Crédit suisse voit pourtant ses effectifs multipliés par 2,8 en 3 ans. Le franc fort face au dollar joue évidemment son rôle, tout comme l’euro ou la livre, mais ces éléments sont tout de même frappants. Pour la France comme pour le Royaume-Uni, la composante immobilière est cependant importante[2] ce qui sera bien mis en lumière plus loin (voir infra).

 

Changes in the number of millionaires en $ by country (thousand)

Country

2010

2011

2012

2013

2014

variation 10-14

France

2 200

2 606

1 924

2 211

2 444

244

Germany

1 040

1 753

2 284

1735

1 964

924

Italy

1 415

1 544

1 170

1 449

1 597

182

UK

1 230

1 647

1 582

1 529

2 043

813

Belgique

-

-

-

-

358

-

Switzerland

230

622

562

610

663

433

Note: exprimé en millions de dollars (incluant la résidence principale), données Global Wealth Data Book Crédit Suisse 2010-2014

Si l’on veut  tenir compte des changes et regarder un classement comparable en euro. Il est cette fois possible de considérer celui réalisé par la banque Julius Baer (Wealth Report Europe) de septembre 2014. Le classement est sensiblement modifié, mais pas excessivement. L’unité est le foyer familial : Il apparaît ainsi que la France n’est plus le premier, mais le second des grands pays, et que sa proportion de millionnaires par contre est la plus haute par rapport au nombre total de foyers (4,4% de l’ensemble) hors Belgique (8,5%) et Luxembourg (22,7%), mais qui sont des petits pays. Là encore, la composante immobilière est déterminante.

Nombre de foyers millionnaires (en euros)

Pays

Nombre de foyers

Foyers millionnaires en % du nombre total de foyers

Allemagne

1 433 985

3,5%

France

1 334 066

4,4%

Italie

818 538

3,4%

UK

796 646

2,6%

Suisse

555 483

13,0%

Belgique

415 117

8,5%

Luxembourg

50 612

22,7%

Source: Julius Baer sept 2014, incluant la résidence principale

  • Si l’on retient le nombre de millionnaires en excluant la résidence principale : il est alors possible d’utiliser les World Wealth reports de CapGemini, que nous avons exploités sur la période 2012-2015. Si l’on exclut la composante de la résidence principale, la France accroît son nombre de millionnaires d’un montant similaire à celui de la Grande-Bretagne (98 vs 96). Pour autant les bases de départ ne sont pas les mêmes : en 2010, la France comptait 396.000 millionnaires tandis que la Grande-Bretagne en comptait déjà 454.000 soit 58.000 de plus. L’Allemagne comportant le plus de millionnaires mais aussi accroissant le plus leur nombre avec 924.000 millionnaires en 2010 et un accroissement en 4 ans de 217.000. La fuite des grandes fortunes en Suisse devient visible avec +100.000 en 4 ans hors résidence principale, ce qui est d’ailleurs en cohérence avec les statistiques y compris résidence de +433.000 résidence principale comprise (voir étude supra, Crédit Suisse).

 

Changes in the number of millionaires en $ by country (thousand)

Country

2010

2011

2012

2013

2014

variation 10-14

France

396

404

430

472

494

98

Germany

924

951

1 015

1 130

1 141

217

Italy

170

168

176

203

219

49

UK

454

441

465

527

550

96

Switzerland

243

252

282

330

343

100

Note: exprimé en millions de dollars (excluant la résidence prinicipale), données: World Wealth Report 2012-2015 Capgemini

  • Si l’on veut maintenant obtenir une dispersion par fortune entre les millionnaires et les plus fortunés (en millions ou milliards) : l’étude proposée par le cabinet Knight Frank, dans son Wealth Report 2015, est la plus pertinente. L’étude permet de faire le départ entre les UHNWI (Ultra High Net Wealth Individuals) dont la fortune (y compris immobilière) est supérieure à 30 millions de dollars, et les centa-millionaires, dont la fortune commence à 100 millions de dollars, ainsi que les milliardaires. Les résultats sont les suivants pour les années 2004 ; 2013 et 2014 :

Source: The Wealth Report 2015, Knight Frank

Ce qui frappe c’est la faiblesse des individus fortunés à partir de 30 millions d’euros de fortune personnelle. Le nombre de Français avec un patrimoine ≥ à 30 M€ est comparable en 2014 avec l’Italie avec 3.865 contre 3.717 ; Elle est en tout cas bien plus faible que la Suisse qui en compte 4.328, alors que celle-ci en 2004 partait de beaucoup plus bas que la France (295 fortunes d’au moins 30 millions en moins). Clairement là encore l’exil fiscal a joué un rôle, puisque sa population de multi-millionnaires a été multipliée par 1,7 soit un quasi-doublement. La Belgique montre également une évolution très sensible avec +447 fortunes en 10 ans. Enfin, l’Allemagne domine largement le paysage européen avec une population de riches de 2,9 à 3,3 fois plus importante que la France, que ce soit en 2004 ou en 2014. Par ailleurs, celle-ci explose avec +3.553 multi-millionnaires en 10 ans, soit un accroissement proche à lui seul du nombre total de multi-millionnaires (dont la richesse est supérieure à 30 millions d’euros) en France.

Si l’on s’intéresse maintenant à la couche des multi-millionaires à la fortune ≥ à 100 M€, là encore l’Allemagne domine avec un nombre de fortunes plus important que la France dans une proportion qui s’accroît encore passant de 3 fois plus en 2004 à 4 fois plus en 2014. En dix ans, la France gagne 167 multi-millionnaires ≥ à 100 M€, tandis que l’Allemagne en gagne 778. La France se fait également distancer par l’Italie +131 mais qui partait d’un stock plus important. La Grande-Bretagne, elle, fait jeu égal avec l’Allemagne, avec 2.498 individus concernés contre 2.591 pour l’Allemagne et une croissance de son stock de 494 fortunes. Là encore, plus que l’Allemagne, la politique d’attractivité fiscale (non-domiciliation, dispositifs spécifiques d’impatriation, etc.) a porté ses fruits au Royaume-Uni[3]. Enfin, la Suisse parvient à avoir plus de fortunes supérieures ou égales à 100 millions d’euros que la France. La proportion est nette : 829 contre 598, avec une proportion qui a presque doublé en 10 ans (+73%), lorsque celle de la France n’augmentait que de 39%. Leurs stocks de départ en 2004 étant pourtant comparables.

Enfin, les milliardaires. Là il s’agit de fortunes généralement installées pour la France, de la old money. En Allemagne il s’agit également de grands patrimoines industriels ou de la cosmétique. La France a accru son stock de 11 en 10 ans (de 28 à 39 fortunes). Dans le même temps l’Allemagne est passée de 49 à 70, soit +21, tandis que l’Italie stagnait à +5 et que la Grande-Bretagne augmentait de 16, avec un nombre de milliardaires en valeur absolue supérieure à l’Allemagne mais à croissance plus lente (passage de 65 à 81 individus en 10 ans).

Ces quelques exemples statistiques permettent de bien mettre en évidence les caractéristiques des patrimoines des Français les plus fortunés. Une immense majorité de millionnaires « immobiliers ». Ceux qui se retrouvent assujettis malgré eux à l’ISF. Mais beaucoup moins de millionnaires en patrimoine mobilier coté ou non coté pour la France que ses voisins européens comparables. Enfin, de moins en moins de riches lorsque l’on monte dans les grandes fortunes (supérieures ou égales à 30 millions à 100 millions ou au milliard) par rapport à nos voisins européens, même par rapport à l’Italie qui est en matière de fortunes souvent comparable à la France. Clairement une tendance de fond se dessine : l’Allemagne tirée par sa croissance dispose de beaucoup plus de millionnaires que la France et est rejoint même par la Grande-Bretagne pour les grandes ou très grandes fortunes. Enfin la Suisse a accueilli (et dans une moindre proportion la Belgique) une proportion importante de grandes, voire de très grandes fortunes. Ainsi si la France accroît son nombre de riches, elle le fait beaucoup moins vite que ses voisins et a du mal à les garder (voir infra).

Quand la France a du mal à garder ses riches :

Dans une étude parue cet été, le cabinet New World Wealth a rendu publique une étude[4] portant sur une base suivie de 120.000 individus millionnaires à travers le monde (hors résidence principale et en dollars). L’intérêt de ce travail était précisément de localiser les millionnaires pour savoir ce qu’ils étaient devenus et leur lieu de résidence fiscale à 14 ans d’intervalle entre 2000 et 2014. Les résultats permettent de bien mettre en évidence les pays « gagnants » ou « perdants » des millionnaires, indépendamment des effets de croissance spontanée (liés aux fondamentaux économiques par exemple) ; en effet, comme on a pu le voir plus haut, ces effets de croissance spontanée « masquent » les départs, et permettent aux pouvoirs publics de qualifier de négligeables les saignées que certains pays vivent de façon continue nonobstant leur capacité à « fabriquer » de nouvelles fortunes. Au demeurant, nous avons pu identifier déjà des destinations récurrentes en Europe (Suisse, Grande-Bretagne, Belgique).

World: Top countries of millionaires, 2014

Rank

Country

Millionaires 2014

1

USA

4 105 000

2

Japan

1 255 400

3

UK

840 000

4

Germany

821 900

5

China

608 500

6

Switzerland

345 600

7

Canada

340 500

8

France

323 400

9

Australia

248 100

10

India

226 800

Note:  HNWI's comprend les invidus dont les patrimoines nets sont supérieurs ou égaux à 1 million d'US $ en excluant leur résidence principale, Source: New World Wealth 2015

Les chiffres diffèrent quelque peu de ceux de l’étude annuelle Capgemini, mais la méthode est différente. Les proportions cependant restent comparables. Le plus intéressant est ailleurs cependant, c’est lorsque sur 10 ans sont réalisés les bilans entrées/sorties du territoire (inflows/outflows) afin de comprendre au-delà des variations spontanées de l’économie, quels sont les pays qui ont des bilans positifs ou négatifs, avec des sorties et des entrées nettes.

World countries ranked by inflows, 2000-2014

World countries ranked by outflows, 2000-2014

Country

Net inflow of HNWIs

No. Of HNWIs, 2014

Country

Net outflow of HNWIs

No. Of HNWIs, 2014

UK

125 000

840 000

China

91 000

608 500

USA

52 000

4 105 000

India

61 000

226 800

Singapore

46 000

223 800

France

42 000

323 400

Australia

35 000

248 100

Italy

23 000

198 300

Hong Kong

29 000

211 700

Russia

20 000

117 600

UAE

18 000

72 100

Indonesia

12 000

48 500

Canada

17 000

340 500

South Africa

8 000

46 800

Turkey

12 000

100 200

Egypt

7 000

20 200

Note:  HNWI's comprend les invidus dont les patrimoines nets sont supérieurs ou égaux à 1 million d'US $ en excluant leur résidence principale, Source: New World Wealth 2015

Or cette étude révèle qu’au jeu de l’attractivité territoriale, c’est la Grande-Bretagne, devant les États-Unis, qui est la grande gagnante avec +125.000 millionnaires. Au contraire, la France, derrière la Chine et l’Inde qui sont des pays à croissance rapide, mais encore en développement, présente la troisième moins bonne performance sur 14 ans. Elle a vu 42.000 millionnaires (hors composante immobilière de la résidence principale), quitter le territoire. L’étude montre que la localisation de ces fortunes en 2014 s’est réalisée en faveur de la Grande-Bretagne, de la Suisse et du Luxembourg, alors que pour la Chine par exemple il s’agissait de Hong-Kong, Singapour ou du Royaume-Uni et pour l’Inde, les Emirats Arabes Unis, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Australie. C’est ce que nous avions empiriquement vérifié avec les études précédentes qui relevaient notamment la croissance très importante du nombre de fortunes en Suisse comme en Grande-Bretagne. L’étude permet en outre de montrer que le climat des affaires et fiscal est tel en Allemagne, que l’émigration apparait négligeable.

Conclusion :

Le discours et l’étude de la localisation et de la croissance des populations fortunées dans les pays développés, et significativement en France et en Europe, n’est pas vain. Les performances de la France sont globalement beaucoup moins bonnes que celles de nos partenaires européens. Et si la croissance spontanée du volume des fortunes et de leur nombre n’est pas insignifiant (en particulier à cause de l’immobilier), celles-ci en France plafonnent assez vite puisque rares sont celles qui excédent les 30 millions d’euros. À ce jeu-là d’ailleurs, la France est mal placée comme lorsqu’il ne s’agit que de valeur mobilières. Elle perd du terrain encore lorsqu’on regarde vers les très riches et jusqu’aux milliardaires. Par ailleurs, même si la croissance de cette population se poursuit, elle se fait plus lentement qu’ailleurs (mais comparable à l’Italie) et si les départs vers l’étranger sont globalement plus que compensés par celle-ci, ils sont massivement plus importants que pour tout autre pays développé (près de 42.000 en 14 ans, soit 3.000 par ans). En particulier l’Étude New World Wealth permet de mettre en lumière que la perte de millionnaires est quasiment double entre la France et l’Italie. Et que le Royaume-Uni fait globalement jeu égal avec l’Allemagne en matière de domiciliation de hauts revenus, notamment soutenus par sa politique agressive et payante d’attraction de millionnaires étrangers (et notamment extra-européens), ce que la France ne parvient pas à faire. Il faut prendre conscience du phénomène et y faire face en prenant les bonnes décisions et en envoyant les bons signaux, matières dans lesquelles la France est généralement bonne dernière. En affirmant en janvier 2015 "qu'il faut des jeunes qui aient envie d'être milliardaires", Emmanuel Macron parlait déjà d'évidence, les bench marks internationaux le prouvent.


[1] Voir cnbc.com

[2] Rappelons qu’au sein de l’UE, près de 70% des foyers sont propriétaires de leur résidence principale.

[3] Voir en particulier le document de travail du FMI, Xu, El-Ashram, Gold, Too much of a good thing ? Prudent management of inflows under Economic Citizenship Programs, WP/15/93, may 2015.

[4] Second citizenship & the migration of HNWIs 2000-2014, New World Wealth, Lio Global, juillet 2015.