La crise de la Covid-19 va impacter très profondément les finances publiques des exercices 2020 et 2021. Des remises à jour fréquentes, au fur et à mesure des confinements/déconfinements successifs, rendent l’exercice de présentation des lois de finances très formel. En effet, les prévisions économiques évoluant au gré de la crise, les indicateurs budgétaires sont vite rendus caduques. La Fondation iFRAP s’est livrée à l’analyse des finances publiques pour 2020 et 2021 en fonction des documents les plus récents à sa disposition (décembre 2020). Les chiffres parlent d’eux-mêmes et conduisent à un budget hors normes, qui témoigne d’une dégradation sans précédent de nos finances publiques :

  • La croissance pour 2021 originellement calculée à +8% du PIB en rebond par rapport à la contraction drastique liée aux confinements de 2020 (-11,%), s’établirait finalement à +6% au vu des données économiques disponibles ;
  • Le déficit public inscrit dans le marbre de la loi de finances s’élèverait pour 2021 à 8,5% du PIB après 11,3% en 2020, soit environ 200 milliards d’euros ;
  • La dette publique exploserait à 122,4% du PIB (2.866 milliards d’euros), en hausse par rapport à 2020 (119,8%) du PIB ;
  • Les recettes publiques représenteraient 52,5% du PIB (avec une marge d’erreur de -0,3 point de PIB), tandis que les prélèvements obligatoires se situeraient à 43,8% hors crédits d’impôts (là encore avec une marge de 0,3 point), conduisant à une hausse en valeur de 58 milliards d’euros pour atteindre 1.055 milliards ;
  • Les dépenses publiques culmineraient à 60,2 points de PIB hors crédits d’impôts (avec une marge d’erreur de 0,2 point), en repli de seulement 3,2 points par rapport à l’année 2020, avec une quasi-stabilité en valeur par rapport à 2020, autour de 1.410 milliards d’euros.

L’ensemble de ces éléments fondamentaux doit cependant être pris avec prudence. La croissance est peut-être sous-estimée pour 2020 par le gouvernement et surestimée pour 2021, bien qu’elle se rapproche fortement du consensus des conjoncturistes. Cela pourrait jouer naturellement sur le niveau du déficit et de la dette. Cependant, la dégradation des comptes publics est telle qu’une réforme d’envergure est nécessaire avec la mise en place d’un plan de désendettement ad hoc :

  • La Fondation iFRAP se base sur une trajectoire différente et plus centrale que celle retenue par le gouvernement pour exposer son plan de désendettement ;
  • Celui-ci devrait conjuguer un cantonnement de la dette « covid » dans une structure de défaisance dédiée, ainsi « sortie » du déficit de Maastricht ;
  • Le plan de désendettement serait enclenché à compter de 2022, avec des mesures de réformes structurelles suffisamment puissantes (41,5 milliards d’euros cumulés en 2027) ;
  • L’endettement resterait toutefois élevé jusqu’en 2027 pour la dette (hors covid) à 109,1% du PIB à horizon 2027.