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La politique américaine garde les pieds sur terre

Les pires craintes se sont déjà fait jour sur ce que pourrait devenir l'Amérique – et le monde – sous la présidence Obama ; elles trouvent en grande partie leur source sur le passé très engagé du nouveau président.
Le pire est toujours possible mais les premières manifestations concrètes vont plutôt dans le sens d'un grand pragmatisme.

Certes il est toujours question de lutter contre les inégalités en taxant davantage les hauts revenus. Mais l'administration Obama vient de proposer, dans son projet de budget, de geler les droits de succession au niveau qu'avait voté l'administration Bush pour 2009. Les Français seront sidérés d'apprendre que ces droits seront nuls jusqu'à un montant total de 7 millions de dollars pour un ménage, c'est-à-dire un peu plus de 5 millions d'euros ; et de 45 % au-delà.

Ceci permet à l'administration Obama de détaxer la plus grande partie des transmissions de PME, l'un des piliers de l'économie américaine, et de frapper seulement les plus grosses fortunes. Ceci devrait combler d'aise ceux qui comme Bill Gates ou Warren Buffett sont pour la taxation forte des gros héritages afin d'éviter le contrôle de l'économie américaine par l'"old money" et de contribuer à son rajeunissement à travers la "new money", les fortunes créées de leur vivant par des entrepreneurs partis de rien.

Deuxième événement symbolique qui risque d'affecter profondément Al Gore : un vote au sénat le 1er avril, imposant que tout nouveau plafond d'émission carbone soit voté par au moins 60 sénateurs, challenge difficile puisque les démocrates n'ont que 59 voix. Et 26 démocrates ont voté pour cette limitation, symbolisant la prédominance de l'intérêt économique des Américains sur l'idéologie écologique.

Dernier symbole : le basculement d'un sénateur républicain clé, Arlen Specter de Pennsylvanie, qui a abandonné son soutien à la réforme phare demandée par les syndicats : la suppression du vote à bulletin secret pour la syndicalisation d'une entreprise et son remplacement par la signature de cartes, permettant toutes les pressions physiques sur les salariés.

Il est encore trop tôt pour prédire les conséquences de l'administration Obama sur l'économie américaine ; mais les premiers signes semblent être que le pragmatisme américain traditionnel l'emporte encore sur l'idéologie.