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Réduire le secteur public ou voir s'écrouler l'industrie

Les preuves par l'autofinancement comparé France-UK

Le discours du Président Sarkozy et son obstination à vouloir le renouvellement d'un fonctionnaire seulement sur deux partant à la retraite soulève chez certains la question de la dégradation possible du service public.

A cette inquiétude, on peut déjà répondre qu'avec les augmentations des embauches dans les collectivités locales, le nombre total de fonctionnaires en France, c'est-à-dire de ceux payés par l'argent public, continue de s'accroître.

Il n'est pas non plus certain que plus de fonctionnaires signifie amélioration du service public. Tous ceux qui ont travaillé dans les sciences du travail savent qu'avec un excès de personnel, la qualité des prestations se dégrade car l'effort de chacun n'est plus tourné vers la satisfaction des utilisateurs mais vers la protection du domaine que chacun s'est constitué. Trop de fonctionnaires, c'est être assuré que des formalités administratives ayant perdu tout intérêt seront préservées ou même étendues car l'objet n'est plus de satisfaire à des conditions légales mais de maintenir les postes de ceux qui font remplir ou contrôlent ces formalités. L'exemple de France Télécom qui a réduit ses effectifs de moitié et dont la réactivité à la clientèle s'est considérablement améliorée est là pour le prouver.

Mais il existe un autre argument encore plus fort, c'est que l'industrie est en train de s'effondrer sous nos yeux sous le poids des charges que lui fait supporter l'Etat (dont les salaires des fonctionnaires représentent près de la moitié).

La comparaison de l'autofinancement des entreprises anglaises et françaises (voir graphique), alors que les deux pays ont des populations comparables, montre que cet autofinancement est devenu presque double en Grande-Bretagne. Cette ressource financière, générée par l'entreprise grâce à son activité et à sa rentabilité, est absolument essentielle. Elle lui assure compétitivité et pérennité à travers sa capacité à investir et à introduire l'innovation dans son processus de production. En 2007, les entreprises anglaises ont disposé de 110 milliards d'euros de plus que les entreprises françaises pour financer leur croissance. Une telle différence s'explique par les prélèvements obligatoires beaucoup plus lourds qui pèsent sur les entreprises françaises (60 milliards de plus en 2007 [1]), mais aussi par l'environnement dans lequel elles évoluent. Une rigidité excessive du marché du travail ou une administration bureaucratique induisent en effet des coûts très importants.

Source : Eurostat

Il n'est alors pas étonnant, comme nous l'avons déjà publié à partir des travaux de l'IRDEME, que les entreprises anglaises se développent deux fois plus vite que les françaises tant en capitaux propres qu'en effectifs, l'un étant d'ailleurs lié à l'autre car on ne développe pas des emplois sans développement des investissements et donc des capitaux. Ce qui explique un taux de chômage anglais, qui avant la crise était tombé en dessous de 5% contre, dans les meilleures périodes 8% pour nous, et même maintenant reste de 2 à 3 points en dessous du taux français.

[1] Source : Comptes Nationaux Eurostat