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Les dividendes ont baissé : attention à la désinformation

Les médias dont la grande presse titrent ce 5 mai 2009, en première page, que les dividendes distribués par les sociétés françaises depuis 1993 ont doublé. Si cette affirmation est correcte en absolu, elle relève en réalité de la pure désinformation et, à la limite, d'une manœuvre de caractère politique.

En vérité, les dividendes ont bien doublé, mais uniquement parce que les capitaux propres pendant la même période ont plus que doublé. Les entreprises françaises, fortement endettées, ont en effet réussi à renforcer leurs bilans en remplaçant de la dette par du capital. L'augmentation absolue des dividendes traduit simplement la consolidation indispensable des bilans pour diminuer la fragilité congénitale des entreprises françaises et éviter les dépôts de bilan et le chômage.

En fait, si au lieu de prendre comme base de départ la récession de 1993 où les dividendes distribués ont été particulièrement bas, on prend une base antérieure plus raisonnable (1990 par exemple), et si au lieu de prendre seulement les dividendes des sociétés taxées à l'impôt sur les sociétés, on prend les dividendes de toutes les sociétés françaises, y compris celles taxées à l'impôt sur le revenu (en gros la moitié des dividendes versés en France) [1], les dividendes ont baissé par rapport aux capitaux investis. Comme le montre le graphique ci-après, ils atteignent en réalité des taux parmi les plus faibles du monde occidental, autour de 4% avant la crise, en dessous du rendement des bons du Trésor.

Ajoutons que certains journalistes, peu au fait des questions financières, confondent allègrement Valeur Ajoutée et EBE, Excédent Brut d'Exploitation. S'il est exact que les dividendes des seules sociétés soumises à l'IS ont représenté en 2008 16% de l'EBE, ils n'ont représenté que 5% de la valeur ajoutée et les salaires 65%.

[1] La distinction entre les dividendes des sociétés taxées à l'IS et celles taxées à l'IR n'existe pas avant 1993 dans les publications de l'INSEE