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Ecole : l'évaluation de l'enseignement est une necessité

Evaluation est un mot qui fait peur, surtout à l'Education nationale. Trois des quatre organisations représentatives (SNUipp-FSU, SE-UNSA, SGEN-CFDT) ont appelé les maîtres à « ne rendre compte que des seuls résultats des évaluations aux élèves et aux parents de la classe concernée » des tests d'évaluation en français et mathématiques des élèves de CM2 actuellement en cours et à « ne pas utiliser le logiciel ministériel de transmission et ne transmettre que les résultats anonymés des exercices effectivement passés ».

Le ministre Xavier Darcos est intervenu en réponse à ces incitations dans le cadre de ses vœux : « Je veux dire avec la plus grande fermeté que rien ne justifie que l'on cherche à faire échouer ces évaluations voire, pire encore, que l'on se refuse à les faire passer à ses élèves ou à en communiquer les résultats aux parents. » Certains instituteurs ont tout de même décidé de ne pas faire passer les tests de CM2, de ne pas faire remonter les résultats au ministère de l'Education et se déchaînent sur la blogosphère. La crainte qui motive ce refus serait que ces données puissent servir à une évaluation potentielle des enseignants ou des établissements. Un éventuel classement des établissements en ligne sur internet terrorise les enseignants.

Vers une mise en concurrence des écoles

Derrière la notion d'évaluation, se profilent pour les pourfendeurs des tests en CM2 les notions honnies de comparaison et de concurrence. Voici ce qu'en dit un communiqué du SNUipp-FSU : « Contrairement à ce que le ministre de l'Education nationale avait annoncé, le nouveau système d'évaluation prévoit une mise en concurrence des écoles. » et plus loin : « Cette publication provoquerait en outre une concurrence entre écoles et introduirait une logique de marché dont les conséquences seraient défavorables à l'ensemble des élèves. Elle remettrait en cause un des fondements de l'école publique. »

Bref, pas question de donner quelque information que ce soit qui permette ensuite aux parents d'élèves d'être mieux informés sur les résultats des écoles. Si en 3ème, avec le BEPC, et en Première et Terminale avec le Bac, les résultats dont s'empare régulièrement la presse ne peuvent être camouflés, les écoles primaires ne sont quasiment pas évaluées. D'autant plus que, depuis 20 ans, le ministère de l'Education nationale est confronté à une grève administrative larvée des établissements du primaire.

Déjà, la suppression de la carte scolaire, très belle avancée vers la liberté de choix pour la scolarité des enfants, allait à l'encontre d'une clientèle captive et avait rencontré l'opposition des syndicats. Le découpage avorté des matières en modules facultatifs en classe de seconde, établi dans le sens de la responsabilisation des élèves et des parents, a aussi déclenché récemment la colère des professeurs. Ces derniers savent bien que, si leurs enseignements sont réputés comme faibles, leurs cours optionnels seront désertés. Derrière ces refus se cache la carence de toute évaluation réelle des professeurs dont la carrière n'évolue toujours qu'à l'ancienneté ou au diplôme et non au mérite.

La dernière rebuffade en date des enseignants et de leurs syndicats contre toute tentative d'évaluation est celle des tests de CM2. Même si sont avancés par les syndicats d'enseignants des problèmes de façade tels celui du codage des corrections ou celui du manque de temps avant les tests pour revoir l'ensemble des notions impliquées, force est de constater que nombre d'instituteurs sont prêts à amputer leurs revenus de 400 euros de prime plutôt que de risquer d'être évalués. Ce qui s'appelle aller à contre courant de l'histoire car évaluation et concurrence ne manqueront pas de devenir la règle dans les prochaines années car ce sont d'une part des outils essentiels du développement des enseignants et, d'autre part, car les parents d'élèves en sont demandeurs.