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Démographie des universités françaises

L'éclatement de la « bulle » Université

Entre 1950 et 1995, le nombre d'étudiants dans les universités françaises a été multiplié par 10, passant de 130 000 à 1,3 million. Parallèlement à l'explosion du nombre d'étudiants, le nombre d'enseignants progressait considérablement, même si ce fut avec retard. Entre 1992 et 2008, en pleine période de stabilisation puis de baisse du nombre d'étudiants, le nombre de professeurs augmentait de 35 % et celui des maîtres de conférences de 60 %.

Car la situation change totalement à partir de 1995. Le nombre d'inscrits à l'Université commence à décroître sous l'effet de deux causes convergentes : la démographie et la concurrence des formations alternatives. En effet, si le nombre de bacheliers souhaitant poursuivre des études supérieures décroît régulièrement depuis une quinzaine d'années, ce seul effet démographique n'explique pas tout. Au contraire, en 2007, il aurait dû entraîner une augmentation des inscriptions de 4 000 étudiants en première année.
Or, la baisse a été de 26 000. Cela s'explique par le fait que les étudiants se détournent de l'Université et lui préfèrent d'autres types de formations dont le développement est de plus en plus rapide : IUT, BTS, grandes écoles et surtout, moyennes et petites écoles privées.

La chute aurait été encore plus sévère sans l'augmentation du nombre d'étudiants étrangers qui passe de 132 000 en 1991 à 210 000 en 2006, dont 51% originaires d'Afrique contre 6% aux Etats-Unis et 8% au Royaume-Uni.

Comme on l'a vu pour l'économie mondiale, une récession de 3 % produit l'effet d'un séisme sur des populations habituées à une croissance de 2 % par an. Cela est aussi valable pour l'Université : une légère baisse de la fréquentation a révélé de profonds dysfonctionnements.
D'après les chiffres du ministère, cette évolution va se poursuivre : les universités vont perdre 15 % de leurs étudiants d'ici 2017. La baisse de 250 000 étudiants entre 1995 et 2017 correspond à la disparition potentielle de 15 universités.

Cet article a été publié dans la revue Société civile n°95 : Université - Osons la réforme