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La Taxe Carbone, une usine à gaz inutile pensée par des technocrates

Les spécialistes ont planché, ils sont parvenus, disent-ils, à un consensus. La taxe frappera le prix de l'énergie fossile (gaz, fioul, essence, mais pas l'électricité) tant pour les entreprises que pour le consommateur final. Mais, comme le chef de l'Etat ne veut pas augmenter au total les impôts, on promet que la compétitivité des entreprises ne sera pas affectée, ni le pouvoir d'achat des ménages.

Pour les entreprises, on ne sait pas comment on fera. Pour les ménages, l'Etat nous enverra un « chèque vert » (plutôt un chèque pollution, semble-t-il ?) qui compensera au niveau national le montant de la taxe carbone rentré dans les caisses de l'Etat : opération censée être blanche. Mais encore, comme il ne faut pas pénaliser les plus pauvres d'entre nous, la dernière idée serait de réserver la mesure de compensation au quart des Français les moins favorisés (Nicolas Hulot, inventeur de la taxe, avait proposé un chèque du même montant pour tous, ce qui aurait pénalisé plus les riches, censés consommer et donc polluer davantage). Mais encore, comme ce n'est pas si simple, à part la pauvreté, il faut aussi tenir compte de la vie en milieu rural, plus consommatrice d'énergie, des charges de famille …

Une incitation bien minime

Tout d'abord, penser conserver à la taxe sa raison d'être, qui est d'inciter les Français à moins polluer en pénalisant leur consommation, tout en remboursant la taxe en question, relève d'emblée du machin technocratique imperméable à la compréhension, donc à l'adhésion, du plus grand nombre. Et quid de l'inflation bureaucratique qu'engendreront la conception puis l'administration du systéme ? Par ailleurs, les dépenses d'énergie (chauffage, déplacements) sont typiquement des dépenses contraintes sur lesquelles le consommateur ne peut pas agir. Imagine-t-on par exemple que l'on puisse facilement investir pour changer le système de chauffage d'une maison déjà construite, sans compter que le prix des énergies varie en réalité au gré des politiques gouvernementales et que le retour sur investissement est plus que douteux ?

Une formidable usine à gaz

D'abord pour définir et marier les critères d'attribution des chèques verts. Mais il y a plus : pour le carburant automobile par exemple, la taxe, vue du consommateur, n'est purement et simplement qu'une augmentation de la TIPP. Si dans six mois, date à laquelle la taxe pourrait prendre effet, le prix du brut atteint les « sommets » (?) constatés en 2007, croit-on sérieusement que le gouvernement ne sera pas contraint de prendre de nouveau les mesures compensatoires qu'il a dû prendre à ce moment, par exemple en faveur des marins pêcheurs ou concernant la prime à la cuve (vous les aviez oubliées ?). Mais cette fois, il faudra annuler aussi -et pour tous- l'effet de la taxe carbone. Que de complications, de mesures suivies de contre-mesures !

Un effet planétaire inexistant

Cette taxe n'aura au mieux, tout le monde le reconnaît, qu'un effet sur le climat absolument négligeable au niveau mondial. Il faudrait pour qu'il en soit autrement que la taxe soit très élevée, que le monde entier nous imite, et aussi que l'on s'attaque à l'émission d'autres gaz bien plus polluants que le CO 2. D'autre part, comme ce sont quand même les entreprises qui polluent le plus, et qu'il n'est pas question de les pénaliser, quel effet la taxe, remboursée d'une façon ou d'une autre, pourra-t-elle avoir, sinon celui d'augmenter les prix au cas où les entreprises ne joueraient pas le jeu ?

Un effet redistributif source d'injustices et pénalisant près des 3/4 de la population

L'objection la plus évidente, au modeste niveau du consommateur, vient du mécanisme de remboursement. Tout d'abord, les inventeurs du système partent du postulat que ce sont les riches qui polluent le plus. C'est peut-être vrai des plus riches, mettons quelques pour cent au plus de la population. Pour ceux-là, l'incitation à consommer moins d'énergie fossile sera nulle : ils peuvent faire face à une augmentation des taxes sans modifier leur train de vie. Ils peuvent même, sans avoir besoin d'une incitation particulière autre que la bonne conscience que leur donne l'affichage d'une conduite civique, se payer le luxe d'installer la géothermie dans leur maison, et devenir paradoxalement, ceux qui polluent le moins. C'est bien connu, les innovations coûtent cher et sont le fait des plus riches.

En revanche, si, comme c'est avancé, seulement 25% de la population bénéficie du « chèque vert », cela signifie que la très grande majorité des Français, au moins 70%, soit les fameuses classes moyennes, vont supporter l'augmentation. Parmi elles vont se trouver nombre de personnes qui travaillent dans les métropoles mais ont choisi -ou sont contraintes- de vivre en périphérie. Elles y peuvent bénéficier de logements plus grands, donc nécessitant plus de dépenses de chauffage, et ont besoin de véhicules pour tous leurs déplacements. Les plus riches, eux, habitent dans la métropole elle-même... Mais ces 70% devront absorber la taxe sans rien pouvoir y faire.

Inutile d'aller plus loin, on s'aperçoit vite que vouloir faire la justice en excluant la grande majorité du bénéfice du chèque vert relève du casse-tête insoluble et sera au contraire créateur d'injustices. On imagine facilement les récriminations des Français, qui n'ont pas la réputation d'aimer les injustices !

Trop d'objectifs contradictoires pour cette taxe

La taxe carbone participe de la même pratique gouvernementale qui consiste à vouloir courir tous les lièvres à la fois. Ici, il s'agit à la fois d'inciter les Français à moins consommer et de se servir du levier fiscal pour afficher une politique de redistribution des revenus, sans compter bien entendu que Bercy y voit l'intérêt d'un prélèvement supplémentaire, ce qui est exact, et probablement la seule chose que les Français auront raison d'y voir : une super-TIPP.

Laissez les Français assumer leurs choix !

Et enfin, l'objectif de réduction des inégalités, qui tient compte des besoins de chacun, finit par conduire à des corrections interminables et absurdes : comme le relevait un internaute, va-t-on favoriser avec un chèque vert plus conséquent les Français du Nord par rapport à ceux vivant dans le Sud du pays au prétexte que leurs dépenses de chauffage sont plus importantes ? On en vient à étatiser en quelque sorte les comportements, et nier la liberté de choix et l'autonomie des Français. Ceux qui vivent à la campagne ont quand même fait un choix. Ils en ont les inconvénients, mais aussi les avantages auxquels beaucoup refusent absolument de renoncer. Idem pour les choix familiaux, le climat sous lequel ils vivent etc …

Messieurs les technocrates, laissez donc les Français vivre et assumer leurs choix !