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Transport : les avantages de la gestion privée

Air France, AREVA : reprise en main. SNCF : on ne change rien

« Coup de théâtre à Air France », « Le patron d'Air France-KLM débarqué », « Spinetta éjecte le patron d'Air France », « Spinetta reprend les commandes d'Air France »… Alors que chez Air France, les gestionnaires privés reprennent les choses en main et réforment l'entreprise de transport, à la SNCF, l'État, gestionnaire public, ne change surtout rien.

  • Air France a perdu 1,2 milliard d'euros en 2010-2011, mais le couple SNCF/RFF reçoit plus de 10 milliards de subventions diverses chaque année.
  • La dette d'Air France est de 6 milliards d'euros, mais celle de SNCF/RFF est de 40 milliards.
  • Le Directeur général d'Air France n'a pas convaincu ses salariés de la gravité de la situation ni obtenu de réforme des méthodes et des conditions de travail de ses salariés. Mais la SNCF est dans une situation plus catastrophique et depuis beaucoup plus longtemps, sans que rien ne bouge.

Gestion Publique (SNCF) vs. Gestion Privée (Air France)

La grande différence entre les deux situations est que l'une est privée, et l'autre publique, même si l'influence de l'État actionnaire à hauteur de 15% est encore très ou trop forte dans la compagnie aérienne.

Dans le cas d'Air France-KLM, trimestre après trimestre, les multiples investisseurs et actionnaires d'Air France ont analysé les résultats de cette entreprise. Ils ont aussi comparé les résultats des concurrents d'Air France, ceux des compagnies à bas coût (EasyJet, Ryan Air), et ceux des ex-compagnies nationales (British Airways, Lufthansa) qui font des bénéfices. De leur côté, les salariés de la branche KLM d'Air France-KLM et les actionnaires hollandais se sont demandé pourquoi KLM s'était réformé et restait en assez bonne santé financière pendant qu'Air France coulait.

Une ingérence déplacée

Face à cette crise, on voit l'incongruité de l'intervention du Gouvernement et du Parlement dans le choix des avions de cette entreprise : Airbus ou Boeing. Le problème d'Air France n'était vraiment pas là.

Mieux encore que le verdict de quelques agences de notation, le jugement des multiples acteurs du marché a entraîné la chute de la valeur de l'action d'Air France-KLM (moins 60% depuis le 1er janvier 2011). Les actionnaires ont jugé que la situation n'était pas tenable et ils ont exigé un changement.

Dans le cas de la SNCF, l'État est en situation d'actionnaire unique. Il jouit d'un pouvoir absolu qui le met à l'abri de toute pression venant d'autres actionnaires, avec la solution de facilité : continuer à payer, à protéger le plus longtemps possible la SNCF de la concurrence et à emprunter pour construire de nouvelles lignes de TGV sans aucune perspective de rentabilité.

Normaliser le transport ferroviaire

Il a fallu du temps pour convaincre la direction d'Air France et ses salariés que le choix était entre s'adapter et disparaître. Seuls les résultats de l'ouverture totale à la concurrence leur ont démontré que d'autres pouvaient faire mieux pour moins cher, contrairement à ce qu'ils pensaient de bonne foi. La démarche doit être la même pour la SNCF : annoncer un calendrier rapproché d'ouverture totale à la concurrence (2012-2014) et s'y tenir. Cela évitera à la France d'être montrée comme le mauvais élève de la classe européenne, permettra à nos entreprises de transport de se développer librement à l'international, fournira à l'économie française des moyens de transport ferroviaires performants et amorcera la baisse de la subvention de 10 milliards d'euros dont bénéficie chaque année SNCF/RFF [1].

A Air France et chez AREVA, les actionnaires ont repris le pouvoir ce mois-ci. Pour la SNCF on attend toujours. Il est vrai qu'il est sans doute très difficile de trouver un volontaire pour prendre la tête de cet organisme malade.

[1] Avec ce poids en moins, le déficit de la France pour 2010 serait passé de 7,1% à 6,5% du PIB.