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Témoignage : Oséo-Anvar, la machine à chasser les entrepreneurs de France

Après avoir réussi une création d'entreprise innovante en France, dans l'industrie, sans OSEO (ANVAR), avec des capitaux allemands, création ayant généré 200 emplois directs (plus de 600 emplois de plus induits dans les services) en 1992, emplois qui existent toujours en 2008, entreprise ayant déjà fait gagner plus de 75 millions € à la France en fiscalité, Hubert S., diplômé en sciences économiques, et fort de vingt années d'expérience dans la direction d'entreprises, affronte depuis 2003 la réalité de l'administration française de l'innovation, via 0séo-Anvar. Il nous livre son témoignage :

Sans aucune haine ni rancune, mais uniquement dans un but positif afin de vous éclairer de l'intérieur sur le fonctionnement réel d'OSEO, je me permettrai de jouer le rôle du client mystère et de vous décrire, brièvement, mes contacts avec cet EPIC, en situation de monopole, en France, sur l'innovation.

Depuis 2003, je demande à OSEO de bien vouloir étudier un projet, sans succès. J'ai déposé un dossier en 2003, 2004, 2006 et 2007. La seule réponse reçue est la classique lettre type de rejet du dossier, sans jamais la moindre motivation. Malgré de nombreux appels téléphoniques, je n'ai jamais eu d'explication ni la possibilité de rencontrer quelqu'un. Après l'intervention de mon Député et du Président de Région, j'obtenais enfin, en octobre 2007, un rendez-vous avec le responsable régional d'OSEO.

14h30 : bienvenue chez OSEO, quartier haut standing, bâtiment flambant neuf, façade Antélio, moquette épaisse, couloir immense, tout un étage rempli de larges et confortables bureaux. Me voila introduit dans le grand bureau tout neuf du directeur régional d'OSEO : bureau, ordinateur, imprimante, téléphone, au design impressionnant, table de réunion et quatre confortables fauteuils, tout neufs.

Soucieux de comprendre pourquoi mon projet était rejeté depuis 2003 sans aucun motif, j'interrogeais le directeur régional d'OSEO, mais celui-ci m'interrompit brutalement et, après m'avoir fait lourdement comprendre qu'il me recevait suite à l'intervention de mon Député et du Président de Région, me demanda :

- numéro de sécurité sociale
- nom de jeune fille de votre mère
- date de naissance de votre mère
- lieu de naissance de votre mère
- date de naissance de votre père
- lieu de naissance de votre père

Heureusement que je portais sur moi mon passeport, ma carte d'identité, mon permis de conduire, mon extrait de casier judiciaire et ma carte d'électeur, sinon j'aurais sûrement été placé en garde à vue pour tentative de création d'entreprise innovante en France, crime passible des plus hautes foudres administratives françaises !

Sur ces entrefaites, le Directeur Régional d'OSEO me demanda, de manière condescendante, si : « Villeneuve Sur Lot était en France ?… » ce à quoi je répondis qu'effectivement Villeneuve Sur Lot était « de ce coté de la Méditerranée »… Il me demanda ensuite, sur un ton méprisant, si : « je possédais un château dans le bordelais … » et je répondis que non, malheureusement.

Il me fit alors remarquer, fort judicieusement il est vrai (…), que : « créer une entreprise innovante requiert des moyens financiers et vous n'avez pas de château … » ; effectivement, si j'avais un château je me serais bien passé de troubler la digestion, apparemment difficile, de mon interlocuteur et d'envoyer des dossiers à OSEO !

Alors que je faisais une autre tentative pour présenter mon Business Plan, le directeur régional d'OSEO m'interrompit une nouvelle fois et, s'étirant sur son fauteuil pour terminer une digestion pour le moins pesante tout en tentant poliment de retenir un "rototo" dont les relents de foie gras poêlé, vraisemblablement accompagné d'un bon millésime d'un de ces châteaux du bordelais qu'il semble tant affectionner, me laissant imaginer toute la pénibilité de son métier (…), m'informa en finissant de s'étirer : « mon pauvre (…) Monsieur, l'État n'a pas d'argent ! » …

Suite à ces questions cruciales, à cette pertinente analyse pour un projet d'innovation majeure, entrecoupée de réflexions d'une grande portée philosophique (…) et après avoir vainement fait une dernière tentative pour présenter mon Business Plan, je pus repartir libre, ou presque, non sans avoir été tout de même mis en examen pour tentative de création d'entreprise innovante en France, examen confié par le directeur régional d'OSEO à des "experts économiques et techniques" externes, choisis et sélectionnés par OSEO, bien entendu, mon interlocuteur m'avouant sincèrement qu'il n'y connaissait rien et qu'il ne pouvait pas tout savoir, c'est effectivement ce qu'il m'avait semblé…

Hormis une apparente passion pour les grands crus et les châteaux du bordelais (…), mon interlocuteur n'y connaissait rien, d'une manière générale, que ce soit en macro-économie, en micro-économie, encore moins en innovations et semblait dépourvu de toute connaissance en matière de financement d'amorçage(s) d'entreprise(s) innovante(s). En quelques mots : je le dérangeais pendant sa sieste digestive…

Devant, par ailleurs, donner une réponse aux Business Angels pour le 15 décembre 2007 sur le financement demandé à OSEO et à un ingénieur qui avait, par ailleurs, une proposition de CDI au 1er janvier 2008, je demandai à OSEO de bien vouloir respecter impérativement le délai de réponse convenu du 15 décembre 2007.

N'ayant pas d'information à la date prévue, je téléphonais le 17 décembre 2007 à OSEO où l'on m'informa que tout le monde était parti en congé depuis le … 14 décembre 2007… et que tout le monde reviendrait le 7 janvier 2008 !...

Le 15 janvier 2008, un appel téléphonique de la responsable d'OSEO m'informa que mon dossier n'était pas "retenu", ce dont je me doutais, mon projet étant devenu caduque du fait des "vacances" et des délais non respectés par OSEO. A ma demande complémentaire d'explications et de motivations, elle botta habilement en touche par cette phrase : «  on vous écrira… ». Est-il nécessaire de préciser que j'attends encore ce courrier ?

Les solutions de financement d'amorçage qui sont interdites en France aux créateurs d'entreprises innovantes, sont heureusement toujours disponibles hors de France, c'est juste une contrainte à l'expatriation imposée par OSEO.