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Régimes de retraites : l'équité public-privé oubliée par le PS

Depuis la publication des Propositions du Parti socialiste (PS) pour la réforme des retraites, le débat s'est concentré sur le mode de financement et sur son chiffrage. Mais très peu sur un autre sujet pourtant très important d'un point de vue moral et financier : les inégalités entre les régimes de retraite des secteurs public et privé.

Dans les 8 pages des Propositions du Parti Socialiste pour les retraites, il faut attendre la dernière pour voir aborder le sujet des inégalités public / privé dans ce domaine. Deux paragraphes, un petit quart de page, y sont consacrés, et uniquement en ce qui concerne le régime des fonctionnaires. Aucun des autres régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF, GDF, Banque de France, Parlementaires …) n'est mentionné.

Dans le premier paragraphe, le PS nie le problème : "Contrairement à ce qui est affirmé à des fins électoralistes par la droite, les situations entre le privé et le public sont beaucoup plus proches qu'on le croit". Pour démonter cet argument, on peut dresser la liste des avantages dont bénéficient les salariés du secteur public. Mais il est plus objectif de constater que les taux de cotisations employeurs nécessaires pour financer les retraites du public sont très supérieurs à ceux du privé. Et il est encore plus simple de constater le refus obstiné des intéressés de voir aligner les régimes du public sur celui du privé. Seule la défense d'avantages considérables peut justifier une telle mobilisation et la prise de risque, pour des serviteurs de l'Etat, de devoir affronter l'hostilité de la société civile.

Une justification douteuse

- Pourquoi les retraites des fonctionnaires sont-elles calculées sur la moyenne des salaires des 6 derniers mois et non pas sur les 25 meilleures années comme dans le privé ?
- Le texte du PS affirme que c'est pour compenser la non prise en compte des primes des fonctionnaires dans le calcul de leur retraite
- Cette justification est très douteuse. La règle des 6 mois n'a d'ailleurs été modifiée ni depuis qu'une partie des primes des fonctionnaires sont prises en compte ni quand la base de calcul dans le privé est passée de 10 à 25 ans.

Dans le second paragraphe, le document admet qu'il faut quand même tenir compte de ce sentiment injustifié : "Cependant, la réforme doit tenir compte du sentiment d'injustice très répandu parmi les salariés du privé". Le texte propose donc de ne rien changer pour les fonctionnaires déjà en poste, et de créer une commission "pour de nouveaux rapprochements entre les retraites du public et du privé correspondant à une revalorisation des rémunérations dans la fonction publique". La chute de cette phrase est étrange, on voit mal en quoi le rapprochement des retraites correspondrait à une hausse des rémunérations des fonctionnaires. Le terme "correspondant" a sans doute été mis là par prudence à la place de "en échange de", qui aurait déclenché des protestations dans le secteur privé. De toute manière, créer une commission quand on dispose déjà des 8 rapports du Conseil d'Orientation des Retraites indique une volonté de ne pas aboutir.

En 2007, le Parti Socialiste avait imprudemment caricaturé l'insécurité en "sentiment d'insécurité". En 2010, il serait risqué de refuser de regarder en face les graves injustices de notre système de retraite et de les caricaturer en "sentiment d'injustice". Soigner son électorat peut être payant, mais un clientélisme trop visible peut devenir contre-productif.

Le dernier dossier de l'iFRAP est volontairement intitulé "RETRAITES, l'équité comme préalable à la réforme". Loin d'être mineur, l'objectif de rétablir l'équité entre Français est essentiel et conditionne l'acceptation de la réforme en cours.