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A quand le même système de retraites pour tous ?

Le mot équité est très à la mode. En réalité on ne parle que de cela. Mais quand il s'agit de retraites, on met le sujet de l'équité public-privé sous le tapis. Dernier événement en date : les retraites complémentaires du régime général (les salariés du secteur privé) seront revalorisées d'un point de moins que l'inflation pendant les 3 prochaines années. Une perte de pouvoir d'achat évaluée jusqu'en 2015 à 2 milliards d'euros. Pendant ce temps-là, les pensions des agents publics continueront d'augmenter en fonction de l'inflation en dépit du fait que ces pensions creusent tous les ans de déficit de l'État. Pendant que les retraites des agents de l'État ont progressé ces dernières années en moyenne de 1,5%, les retraites des cadres du privé ont progressé quant à elles de seulement 0,9%.

Rien que de 2012 à 2015, le coût des pensions des agents de l'État passera de 42,3 à 48,3 milliards soit 6 milliards de plus en 3 ans. Une grande partie des économies réalisées sur les dépenses de l'État servira donc seulement à financer l'augmentation des retraites des agents. La réforme de 2010 a fait converger les taux de cotisation entre salariés du secteur privé et du secteur public mais il reste encore tout à faire pour que convergent les modes de calcul entre les 6 derniers mois dans la fonction publique et les 25 meilleures années (et toute la carrière pour les retraites complémentaires) dans le secteur privé.

Pourquoi notre système de retraites n'est-il pas universel comme l'est l'assurance maladie ? C'est incompréhensible aujourd'hui d'autant plus qu'il n'existe pas de caisse de retraite pour les pensions versées par l'État. Il serait par ailleurs dommage de se priver des économies de gestion (au minimum 1 milliard d'euros par an) que permettrait la fusion des différentes caisses.

Une réforme ambitieuse des retraites alignant le public sur le privé qui permettrait entre 10 et 15 milliards d'euros d'économies par an a-t-elle une chance de passer face au lobby le plus puissant qui soit, celui de nos administrations (le secteur public est sur-représenté au Parlement, dans l'exécutif, dans les cabinets ministériels et au Conseil d'Orientation des Retraites) ?

Les objectifs de la réforme sont les suivants :
- Équilibrer les comptes ;
- Rétablir l'équité ;
- Rendre le système compréhensible.

Le système idéal pour la Fondation iFRAP, serait :

- Universel et aurait le mérite de mettre tout le monde sur un pied d'égalité et d'éviter les surcoûts liés à la complexité d'une gestion d'un système avec 35 régimes professionnels différents.
- Par répartition qui resterait contributif c'est-à-dire fonction des cotisations versées à condition de revoir les mécanismes de compensation non contributifs (réversion, chômage, minimum vieillesse, enfants, etc.) et que le coût de chacune de ces aides soit clairement établi.
- Doté d'un dispositif d' « équilibrage automatique » comme il en existe en Suède ou au Canada. Cela permettrait de sortir de l'impasse de réformes paramétriques tous les 3 ou 4 ans. Réforme toujours prise au piège des enjeux politiques et syndicaux aux projections financières très hypothétiques (croissance, taux de chômage…).
- Le système idéal comprendrait également une part annexe -mais obligatoire- de capitalisation. Cette disposition aurait plusieurs vertus : compenser la baisse probable des pensions liée au déséquilibre démographique, aider à la constitution de fonds de pension en France qui investiraient bien plus massivement dans l'économie française que la BPI.

Au-delà de cela, nul gouvernement ne pourra faire l'économie du travailler plus longtemps. Nous devons nous préparer à travailler jusqu'à 67 ans. Et pour une première étape, 65 ans en 2025.

[(Cette tribune a été publiée sur le site du journal Le Monde.)]