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Nos retraites : répartition ou capitalisation ?

Un ouvrage coécrit par Philippe François de la Fondation iFRAP

En juin 2012, les éditions Le Muscadier font paraître un ouvrage coécrit par Philippe François, qui travaille pour la Fondation iFRAP depuis de nombreuses années notamment sur les thèmes de l'énergie, des transports et de la santé.

Dans cet ouvrage, Anne Reimat fait se confronter deux points de vue opposés sur la question du financement des retraites : le système par capitalisation est-il meilleur que par répartition ? Philippe François confronte sa vision à celle de Pierre-Yves Chanu, en charge de la question des retraites pour la CGT.

Un ouvrage stimulant et sans parti-pris qui oppose deux approches diamétralement différentes sur un thème brûlant d'actualité.

La réforme des régimes de retraite est-elle encore d'actualité ?

Depuis vingt ans, les régimes de retraite ont déjà été réformés quatre fois, en 1993, 2003, 2007 et 2010. Mais trois problèmes essentiels demeurent : 1) des inégalités importantes entre les régimes publics spéciaux (SNCF, RATP, EDF, Fonctions publiques …) et le régime général des salariés, 2) des déficits permanents et 3) l'absence de retraite par capitalisation comme il en existe en Suède et en Allemagne. La réforme de fond prévue pour être mise en place en 2013 devrait traiter ces trois problèmes.

Comment plaider pour les retraites par capitalisation en pleine crise financière ?

Le préalable était de rassurer les Français sur la solidité des retraites par capitalisation et sur leur respect de la solidarité entre Français. Cela a été facile puisque malgré la crise en cours depuis 2007, les fonds de pension obligatoires comme ceux de Suède, des fonctionnaires de Californie ou des fonctionnaires français ont fait preuve d'une bonne résistance. C'est encourageant pour leurs perspectives de rentabilité sur une longue période comprenant aussi des périodes d'expansion.

Mais la principale raison de proposer des retraites par capitalisation est précisément la situation économique de la France. Après l'ancienne majorité, la nouvelle se déclare persuadée que la faiblesse de nos entreprises (donc le chômage et les déficits publics) est largement due à leurs manques de capitaux. Pour y pallier, des échafaudages publics, OSEO, FSI, FSI région, CDC, CDC-Entreprise et maintenant Banque Publique d'Investissement, sont mis en place. Leurs résultats montrent qu'ils sont peu efficaces. Sur le plan quantitatif, parce que leurs capitaux sont faibles. Sur le plan qualitatif, parce que les acteurs publics n'ont pas la palette de compétences et de motivations requises, et sont en plus soumis à des influences politiques voire politiciennes qui perturbent leurs politiques d'investissement. Au contraire, les fonds de pension, grâce aux montants considérables dont ils disposent, à la diversité de leurs styles d'investissement et de leurs équipes de gestion, à leur indépendance et à leur obligation de résultats sur le long terme, sont les puissants moteurs de l'économie qui manquent à la France.

Malgré les nombreux avantages que présente la capitalisation, vous ne proposez pourtant pas un système de retraite 100% en fonds de pension. Pourquoi ?

D'abord pour des raisons psychologiques et pratiques, il est difficile de passer de 100% répartition à 100% capitalisation en une génération. L'exemple de la Suède et de l'Allemagne montre qu'il est raisonnable de commencer par consacrer 10% des cotisations à des régimes par capitalisation. A terme, on recommande le maintien de deux régimes : un régime minimum par répartition fournissant une retraite de base mais en pratique garantie quelle que soit la situation économique du pays, et un régime par capitalisation géré comme en Suède par des opérateurs agréés variés.

Pourquoi avoir participé à ce livre ?

Le principe de cette collection est original et intéressant. Chaque partie peut exprimer sa position, puis répondre aux arguments de son contradicteur, le tout en traitant les sujets au fond. C'est différent des manuels qui défendent un seul point de vue, et encore plus de trop nombreuses discussions politiques où le « gagnant » est celui qui met son adversaire en difficulté, même s'il s'agit d'une question de forme ou d'un point de détail. Avec ce petit livre, les personnes intéressées par les retraites peuvent étudier les deux points de vue et se faire leur propre conviction sur le sujet. L'intervention d'un troisième auteur qui introduit le thème de façon pédagogique et indépendante facilite aussi la lecture, et le travail des contradicteurs. Face aux problèmes critiques que la France doit résoudre, le type de confrontation civilisée proposée par cette collection est nécessaire.

En savoir plus sur l'ouvrage de Philippe François.