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Italie - Le choix de l'équité entre le public et le privé

L'Italie a profondément transformé son système de retraite dès 1992. En 1990, elle offrait encore l'un des systèmes de retraite les plus généreux et les plus coûteux d'Europe. Il s'agissait d'un classique caractérisé par des taux de remplacement très élevés (entre 90% et 100% du dernier salaire) et par de fortes disparités entre secteurs privé et public. L'une des particularités italiennes concernait l'existence d'une "pension d'ancienneté", qui permettait de partir à la retraite avant l'âge prévu pour peu que l'on ait travaillé 35 ans dans le privé, ou 20 ans dans le public. Les enseignants pouvaient jouir des « baby retraites », comme les appelaient les Italiens : le droit de partir avec seulement quinze ans d'ancienneté et 50% de leur salaire.

Cela avait entraîné la formation d'une véritable classe de très jeunes retraités qui bénéficiaient de pensions élevées. Or l'Italie, a connu un effondrement du taux de natalité (1,2 enfant par femme) et un vieillissement accéléré de sa population, avec des conséquences désastreuses sur le déficit du système de retraites.

La réforme des retraites s'est faite en parallèle d'une grande réforme du statut de la fonction publique. Ce sont les syndicats eux-mêmes qui ont soulevé le paradoxe de défendre des droits différents pour les salariés du public et ceux du privé. Avec l'égalité de traitement pour tous, le contrat de travail des employés obéit au droit privé et non plus au droit administratif. Les règles de calcul des retraites sont aujourd'hui les mêmes pour les salariés du public et du privé.

L'âge de la retraite a été allongé progressivement de façon à atteindre 61 ans en 2013. À la mi-2009, un système de points a été mis en place. Les points sont obtenus en faisant la somme de l'âge de départ à la retraite et du nombre d'années de cotisations. À partir de la mi-2009, il faudra 95 points (59 ans + 36 années de cotisations ou 60 ans + 35 années de cotisations) ; à partir de 2011, il faudra 96 points ; et à partir de la mi-2012, 97 points seront en principe nécessaires (61 ans + 36 années ou 62 ans + 35 années).

En parallèle, on note une forte progression du nombre d'adhérents à des fonds de pension. La COVIP (Commissione di vigilanza sui fondi pensione), l'autorité qui régule les fonds de pension en Italie, a ainsi estimé dans un rapport publié mi-septembre qu'au cours des six premiers mois de l'année 900.000 salariés du secteur privé ont adhéré à une retraite complémentaire. Il s'agit d'une hausse de 50% sur la fin 2006 : l'Italie compte désormais 2,7 millions d'adhérents à un fonds de pension contre 1,8 million fin 2006. Sur les 900.000 souscripteurs, 600.000 ont opté pour un fonds fermé, 190.000 pour un fonds ouvert et 110.000 pour une police individuelle (PIP) au statut fiscalement avantageux.

Cet article a été publié dans un dossier spécial "Comparatif des réformes des retraites en Europe" du Figaro Magazine du 15 mai 2010