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Vélos libres ou vélos communautaires ?

"Mais qui se lèvera la nuit quand la vache va vêler ?". Il n'avait pas poursuivi de longues études ni voyagé au-delà du rideau de fer, mais 50 ans avant tout le monde ce paysan avait prévu l'effondrement du système des Kolkhozes.
Les Vélib' parisiens comme les Velo'v lyonnais ou Vélos à la Carte Rennais sont sympathiques et agréables, d'autant plus qu'ils sont quasi gratuits pour les utilisateurs. Mais leur coût pour la collectivité est-il acceptable ?

20.000 vélos en libre-service ont été installés à Paris. En 18 mois, de juillet 2007 à février 2009, 7.800 ont été volés et 11.600 vandalisés, des chiffres très supérieurs à ceux prévus. Dans les rues, cela ne se voit pas trop grâce aux salariés de JCDecaux qui s'affairent à renouveler, réparer et transporter les vélos des endroits où ils se trouvent aux endroits où ils sont demandés. Mais le gestionnaire est formel, si ses 400 salariés cessaient d'intervenir pendant 10 jours, il n'y aurait plus aucun vélo en état de marche à Paris. Neuf, chacun de ces vélos coûte 1.000 euros.

Des vélos coûteux pour les villes

Contrairement à ce que prétendent les municipalités, ce sont bien les villes qui paient la facture des systèmes de type Vélib'. Directement en versant une subvention, ou indirectement, en réduisant le prix de la concession des panneaux publicitaires facturé aux entreprises qui installent et gèrent ces vélos.

A Paris, le contrat est si coûteux pour le prestataire que la mairie de Paris a accepté de renégocier le contrat avec JCDecaux pour que la ville prenne en charge une partie des réparations des vélos dégradés. Le contrat initial avait visiblement été signé début 2007 dans la précipitation. Traumatisée par l'échec de sa candidature aux jeux olympiques, la Mairie tenait à ce coup médiatique avant les élections municipales de mars 2008. Et JCDecaux, devancé par Clear Channel pour l'installation des premiers vélos publics en France (à Rennes en 1998), évincé du contrat parisien dans un premier temps, tenait absolument à le remporter au final. Signé en janvier 2007, JCDecaux s'était engagé à installer 20.000 vélos dans l'année dont 14.000 avant l'été. Défi d'ailleurs respecté.

Á tout le monde = à personne

Pour lutter contre ces dégradations, une campagne de publicité "ludique" vient d'être lancée par la Mairie de Paris. Le compteur des dépenses augmente, mais pour quelle efficacité ? Avec un objectif similaire, 3 campagnes "jeunes" et "civiques" ont tenté de décourager le piratage sur Internet de la musique et des films, sans aucun résultat.

Avant les vélos communautaires, on a connu en France, ou dans les pays de l'Est ou en Chine, les jardins communautaires, les appartements communautaires, les cuisines communautaires, les salles de bains communautaires ou les machines à laver communautaires au sous-sol des immeubles. Même quand l'objectif était d'améliorer la convivialité, leurs réussites sont rares et ne concernent que de petites communautés bien soudées. Dans les copropriétés immobilières où les intérêts communs sont a priori forts, la gestion des parties communes s'avère complexe, dans les quartiers difficiles, et aussi dans les autres.

L'échec est certain pour une communauté anonyme de dizaines de millions de cyclistes et non-cyclistes potentiels, pour la raison invoquée par notre paysan "Qui va prendre soin de ce bien commun comme si c'était le sien ?". Une très faible proportion des utilisateurs. On peut le regretter, on peut travailler à ce que cela change, mais faire des lois ou mettre en place des systèmes qui négligent cette donnée n'est pas responsable. Le vélo est un outil merveilleux, la mise en place de parkings sécurisés où les particuliers pourraient garer leurs propres vélos aurait été une solution équilibrée entre service et responsabilité.

Le bon exemple de Vélostation à Sénart
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Vélostation

Le Syndicat d'agglomération nouvelle de Sénart a récemment mis en service la première vélostation de Sénart à la gare RER de Lieusaint-Moissy. Ses 80 boxes sécurisés sont loués aux Sénartais et aux salariés du territoire pour abriter leurs vélos, relais du RER pour rentrer chez eux ou pour aller travailler, en toute sécurité. Cette « Vélostation » pilote a été financée par le programme européen « Encourage ». Elle entre dans la politique de développement durable de l'agglomération nouvelle, rare collectivité française à avoir adopté un schéma des liaisons douces dès 1999.

Vous trouverez toutes les infos dans le communiqué joint,
Restant à votre entière disposition,

Bien cordialement
Pascale Montéville
Relations presse-Rédaction

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