Actualité

Réforme et gouvernance de l'hôpital public : un pas en avant

L'hôpital public, alors qu'il représente 64 % des dépenses d'Assurance maladie, a souvent été le « grand absent de toutes les réformes » a rappelé le président de la République cette semaine. Sur les pas du rapport Larcher, Nicolas Sarkozy a réaffirmé que l'hôpital public ne peut fonctionner s'il n'a à sa tête « un patron, quelqu'un qui décide, qui prenne ses responsabilités ». Le projet de loi "Hôpital, patients, santé, territoire" qui sera discuté au Parlement en octobre fait un pas en avant pour réformer l'hôpital : « ouverture du recrutement des directeurs, extension du contrat pour les praticiens, regroupement des hôpitaux publics au sein de communautés hospitalières de territoires, souplesses de gestion en matière de marchés publics ou de gestion immobilière ». L'ouverture du recrutement des directeurs et leur responsabilisation est une nécessité que nous avons eu souvent l'occasion de souligner. Comme l'est l'obligation enfin prévue pour les établissements hospitaliers de présenter des comptes certifiés ou la rémunération en partie au mérite des praticiens hospitaliers.

Mais la vraie révolution qui s'amorce est celle qui consiste à rendre publics pour tous les établissements quelques « indicateurs simples comme le taux de mortalité ou le taux d'infections ». Jusqu'à présent, les chiffres officiels comme l'indice Icalin qui concerne les infections nosocomiales sont fondés sur la base de réunions d'informations du personnel soignant et des litres de produits antiseptiques stockés dans les établissements et non sur le taux d'infections constatées suite à une hospitalisation ! Tous les pays qui ont réussi la réforme de l'hôpital sont passés par la transparence et la mise en ligne accessible à tous du classement des hôpitaux publics et privés, service par service, hôpital par hôpital. En France, pour l'instant, seule la presse fait ce travail de classement des établissements hospitaliers alors que la publication officielle des indicateurs de qualité par pathologie est le meilleur moyen de lutter contre ce que l'on appelle communément la « médecine à deux vitesses ».

Gageons donc que ces quelques indicateurs deviennent rapidement de nombreux indicateurs, que les établissements affichant des taux de mortalité ou d'infections records soient rapidement fermés. Parions aussi que l'on recrute enfin des directeurs d'hôpitaux parmi les managers formés dans le privé pour une meilleure gouvernance de l'hôpital. Cela dit, pour aller plus loin dans la réforme de l'hôpital public, il serait judicieux de mettre au point une expérimentation consistant à confier, avec une délégation de service public et une charte de déontologie stricte, les hôpitaux publics d'une région soit à une chaîne d'hôpitaux mutualistes soit à une chaîne de cliniques comme cela se fait en ce moment au Royaume-Uni, en Allemagne et comme cela s'est fait dès 2000 à Stockholm. La mission des gestionnaires serait de restructurer l'offre de soins publics avec des plateaux techniques performants et de reconvertir les hôpitaux dangereux comme cela s'est fait depuis 1999 dans les cliniques privées dont 300 ont été fermées.