Actualité

Les méthodes du privé appliquées dans les hôpitaux ?

Le rapport Larcher sur l'hôpital vient d'annoncer que, dorénavant, les places de directeurs d'hôpitaux ne seront plus l'apanage des seuls diplômés de l'ENSP (Ecole Nationale de Santé Publique appelée aujourd'hui EHESP) et que même des managers du privé : HEC, centraliens par exemple ou autodidactes (pourquoi pas ?) pourraient être nommés à la tête de nos hôpitaux publics pour autant qu'ils aient fait les preuves de leurs compétences managériales. Pour administrer les hôpitaux l'ENSP, ENA de la santé, a été créée en 1945. Cette école et le corps de ses anciens donnent quasiment tous leurs directeurs et directeurs adjoints à nos hôpitaux publics dont on sait à quel point la plupart d'entre eux souffrent de mauvaise gestion. Les déficits, les grèves, l'absentéisme, la fuite des malades et des personnels médicaux vers d'autres structures médicales témoignent de la crise des hôpitaux publics. Il est clair que ces désordres sont en grande partie causés par l'absence de véritable management dans les hôpitaux.

Début 2008, le Président de la République avait annoncé qu'il voulait des hôpitaux dont « le directeur soit le patron reconnu, le seul ». Très prochainement, et plus exactement après le vote de la loi concernant la réforme de l'hôpital qui doit avoir lieu à l'automne, des cabinets de recrutement se mettront en quête des bons profils pour gérer nos hôpitaux publics. Si cela est réellement voté, malgré le puissant lobby ENSP, c'est une énorme avancée sur la route de la réforme de l'hôpital. Un membre de cabinet d'un ancien ministre de la Santé nous avait confié avoir été menacé de grève lorsque des nominations risquaient de réduire le taux de 90% de nominations ENSP à la tête des hôpitaux.

Cette réforme du mode de recrutement des directeurs d'hôpitaux est une de réformes que l'iFRAP avait présentées lors d'une audition par la commission Larcher .

Cette réforme du recrutement des directeurs de nos hôpitaux publics est un progrès significatif même si on peut tout de même déplorer que le rapport Larcher ne se prononce par ailleurs ni pour une réforme profonde du statut de la fonction publique hospitalière ni pour une expérimentation de délégation de gestion de certains hôpitaux publics à des cliniques ou à des organismes mutualistes. Peut-être des idées pour un prochain rapport sur l'hôpital ?