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« Le principal défaut de l'administration est sa non-gestion »

Jacques Marseille est professeur à l'université de Paris 1- Panthéon- Sorbonne. Agrégé d'histoire, docteur d'État et auteur notamment de « La guerre des deux France, celle qui avance et celle qui freine » (Plon, 2004) et de « Les bons chiffres pour ne pas voter nul en 2007 » (Perrin, 2007).

AVM : "Quelle est, selon vous, la principale qualité de l'administration française ?"

Jacques Marseille : Il me semble que la principale qualité de l'administration est l'honnêteté de ceux qui y travaillent. Ce sont, dans l'ensemble, des gens honnêtes, imprégnés de l'intérêt général.

AVM : "Quel est, selon vous, le principal défaut de l'administration française ?"

Jacques Marseille : Le principal défaut de l'administration, ce ne sont pas les fonctionnaires, mais le système lui-même avec sa non-gestion, sa non-valorisation des personnels. Cette non-gestion génère une sorte de lassitude généralisée. Je le vois notamment au niveau du monde enseignant. Quand le ministre Claude Allègre emploie le mot « mammouth », c'est vraiment le bon mais ce n'est pas les gens qui sont le « mammouth », c'est le système qui l'est.

AVM : "Quelle serait, selon vous, la grande réforme à mener en France ?"

Jacques Marseille : La grande réforme, la première à mener en France, est celle du système éducatif. En commençant par supprimer le bac et en essayant de convaincre les parents - ce serait une révolution ! - que l'enseignement professionnel a autant de valeur que l'enseignement général. Notre système éducatif a à déplorer que 140 000 jeunes sortent tous les ans de leur cursus universitaire sans rien. La France recrute ses élites comme le ferait un pays de 6 millions d'habitants et 140 000 jeunes n'ont rien à la sortie. C'est horrible.

AVM : "Quelles administrations pourraient être, selon vous, supprimées en France ?"

Jacques Marseille : Si l'on voulait supprimer des administrations, je plaiderais en priorité pour la suppression du secrétariat d'État aux Anciens Combattants, ainsi que le ministère de l'Agriculture. Nous avons aujourd'hui trop de secrétariats d'État et, d'une façon plus générale, notre État souffre de trop de dilution des responsabilités au niveau national et même territorial. Cette dilution est très mauvaise pour les réformes.

AVM : "Quels sont les atouts de la France dans la mondialisation ?"

Jacques Marseille : Les atouts de la France dans la mondialisation sont nombreux. D'abord la « marque » France est un atout en soi. Avec son histoire, son authenticité, la France attire. La géographie de notre pays est exceptionnelle. Notre pays est la première destination mondiale. Nombre de nos PME sont numéro un mondial sans qu'on le sache. Bref, nous avons plein d'atouts que nous n'exploitons pas assez.

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