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La Poste entre "votation" surréaliste et désinformation

La « votation » sur le changement de statut de La Poste, organisée par syndicats et partis de gauche en marge du débat parlementaire, est un véritable scandale à tous les titres.

En premier lieu, c'est un exercice sauvage de la démocratie, complètement en marge de nos institutions, auquel se prêtent pourtant des administrations comme les mairies. Le terme « votation » n'est d'ailleurs pas français et s'inspire des institutions suisses. Le résultat d'une telle initiative en marge de la loi sera aussi évidemment dépourvu de toute signification puisque ne s'exprimeront que les opposants.

Sur le fond, la question posée relève surtout d'une insupportable désinformation. Cette question est la suivante : « Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes-vous d'accord avec ce projet ? ». Le principe d'un référendum est de faire voter « oui » ou « non » à un projet portant sur une disposition légale. En l'occurrence, il existe un projet de loi complexe et comportant 26 articles touchant tous les sujets concernant La Poste. Bien entendu quasiment personne n'est appellé à consulter le texte de ce projet, qu'il est d'ailleurs difficile de se procurer, avant de se prononcer dans le cadre de cette sauvage votation.

Or l'article 1 du projet de loi dispose que « le capital de la société est détenu par l'Etat ou par d'autres personnes morales appartenant au secteur public ». Par conséquent et par définition, toute privatisation est exclue. La question posée qui précise « …pour la privatiser » relève donc du plus parfait mensonge. On a bien entendu le droit de penser que la loi puisse être un jour modifiée pour supprimer l'exigence de détention par le secteur public, mais on n'a pas le droit de présenter faussement un texte en sollicitant l'expression du peuple français sur la base d'un procès d'intention fait à ce texte alors qu'il exprime exactement le contraire.

Il est lamentable que des organisations censément responsables comme des syndicats ou des partis à ambition gouvernementale commettent une telle désinformation.

Encore deux remarques : on veut faire un parallèle avec France Telecom ou Gaz de France. Mais on oublie que l'ouverture du capital au privé avait été prévue dès l'origine, la seule exigence portant sur la part majoritaire que l'Etat devait conserver. Dans le cas de La Poste, le texte prévoit que toute ouverture du capital, même minoritaire, est exclue. Ce n'est donc pas la même situation.

Deuxième remarque : la question de la votation est posée de façon tellement mensongère que si d'aventure les députés voulaient donner quelque crédit au résultat, ils ne pourraient qu'être confortés dans le vote d'une loi qui exclut précisément la privatisation redoutée !