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La Crise, un prétexte pour augmenter le prix des services publics

A écouter les experts de l'OFCE, il ne faut pas lésiner sur la dépense publique, quitte à renchérir le coût de nos services publics. Dans une des dernières lettres de l'OFCE, on peut lire : «  La contrepartie à l'accroissement de la dette publique est le maintien du fonctionnement du système économique et financier. La faillite globale du système coûterait beaucoup plus cher aux générations actuelles et futures que quelques dizaines de points de PIB de dette en plus. Pour éviter le scénario d'une longue récession et briser les anticipations déflationnistes, l'intervention publique doit être massive. Seul l'Etat a les moyens d'éviter que la mécanique récessive ne s'emballe ».

Ce raisonnement est inquiétant pour l'avenir mais sans doute inévitable quand il concerne les investissements et baisses de charges pour les entreprises privées. Il devient pernicieux quand il s'agit d'augmenter les dépenses de fonctionnement du secteur public. De "dépensons plus d'argent public" la tentation est forte de passer à "ne réduisons pas les effectifs publics" et "augmentons les impôts".

Alors que l'on fait la chasse aux grandes surfaces qui augmenteraient leurs prix plus que l'inflation, le coût des services publics explose. Les salaires des fonctionnaires en place, qui ne connaissent pas la précarité, ont augmenté de 3,7% en 2008 alors que l'inflation a été de 1%. Pour 2009, l'augmentation sera à nouveau supérieure à l'inflation selon le ministre Eric Woerth bien que les finances publiques soient exsangues et que d'autres pays gèlent les salaires publics. De l'autre côté, les prix des pommes de terre et des pâtes sont surveillés par les associations de consommateurs et la répression des fraudes. A la moindre dérive, producteurs et distributeurs sont cloués au pilori. Pour l'essence, c'est Bercy lui-même qui veille et a même créé un site Internet où chaque station-service doit publier ses prix. Le prix des logements et des loyers baissent. Mais dans le secteur public, les tarifs continuent à augmenter.

Pourtant, l'an dernier, du 1er janvier 2008 au 1er janvier 2009, les prix ont très peu augmenté en France, de 1% exactement. Et la tendance se confirme. Du 1er février 2008 au 1er février 2009, l'inflation n'est que de 0,9%.

Quelques exemples de hausse du prix des services publics
Augmentation en 2009
La Poste - Timbres +1,82 %
SNCF – TGV +3,5 %
RATP +4 à 6 %
Impôts locaux (statistique sur les villes de plus de 100 000 habitants) +3,5 %
Stationnement et contraventions à Paris +20 %

Chacun de ces organismes ou collectivités avance ses arguments qui se résument à "il faut qu'on investisse" ou "pendant la crise nos rentrées baissent". On l'a vu dernièrement avec les taux d'imposition votés au niveau local : dans les 36 plus grandes villes de France, aucun conseil municipal n'a eu l'idée de baisser le taux d'imposition de la taxe foncière ou de la taxe d'habitation. Cela aurait pourtant rendu du « pouvoir d'achat » !

Dans le secteur privé quand les rentrées baissent, on diminue les dépenses. Et pour investir, on trouve à emprunter, si les projets sont utiles.

Depuis le début de la crise, les consommateurs ont réorienté leurs achats vers des voitures plus petites et à bas coûts, et vers les marques distributeurs. Les industriels et les commerçants ont réduit leurs marges. Pour 2009, Bruxelles prévoit une baisse de 1,8% de la richesse produite en France. En augmentant ses prix plus rapidement que l'inflation et que le Produit Intérieur Brut, le secteur public va encore accroître sa ponction sur les richesses produites par les Français. Un véritable plan d'anti-relance qui va à l'encontre des recommandations des économistes sérieux. Chaque euro supplémentaire prélevé par le secteur public entraînera une augmentation des licenciements dans le secteur privé.

Pour les 3 premiers organismes de la liste ci-dessus, la véritable solution est d'accélérer l'ouverture à la concurrence (de la poste, des chemins de fer et des transports de la région parisienne). Pour les 2 suivants, c'est le bulletin de vote.