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Grèves SNCF : les clients victimes de l'escalade des syndicats

A la SNCF, une grève chasse l'autre : après celle des conducteurs de mi-novembre pour contester le plan de sauvetage du fret, celle des conducteurs et des contrôleurs de mi-décembre contre la mise en place des nouveaux horaires se prolonge. Les clients n'en peuvent plus des conflits sociaux scandaleux qui s'étirent notamment sur Paris-Nord, Paris St Lazare et dans la région PACA. Aujourd'hui encore, une altercation a provoqué une grève générale bloquant 500 000 personnes à Paris-St-Lazare.

Et le syndicat SUD annonce de nouvelles grèves, cette fois des agents d'aiguillages. Il n'a échappé à personne que cette surenchère syndicale se fait dans un contexte d'élections professionnelles prévues pour mars prochain. Cette propension à arrêter le travail est facilitée par des grèves dites de « 59 minutes » qui permettent de désorganiser le trafic et d'annuler toutes les correspondances tout en limitant les retenues sur salaires.

Un jeu dangereux que dénonce le directeur général SNCF Proximités, Jean-Pierre Farandou, qui a vivement réagi contre l'attitude de certains syndicalistes qui mettent en péril l'entreprise.

La région PACA a ainsi décidé en décembre de doubler les pénalités infligées à la SNCF et a commandé un audit indépendant pour vérifier si la SNCF mettait bien en place les personnels convenus par convention. Mais ce week-end, une nouvelle étape dans la rébellion des clients a été franchie. La région Basse-Normandie a décidé de suspendre son paiement à la SNCF dans le cadre de sa convention TER suite « aux trop nombreux incidents survenus ces derniers mois sur les lignes ». Le Président de la région, Laurent Beauvais, demande à la SNCF de lui indiquer les moyens alloués à l'organisation des transports en Basse-Normandie, « au regard des moyens financiers importants engagés par la région » (50 millions d'euros dans le cadre de la convention). A ce prix, la région juge ne pas en avoir pour son argent. Mais pourrait-il en être autrement ?

Depuis 2000, les transports ferroviaires régionaux sont de la compétence des Conseils Régionaux qui dépensent un quart de leur budget – plus de 2 milliards d'€ au total pour financer le réseau SNCF, le matériel mais surtout l'exploitation des transports. Pour ce faire, les régions n'ont qu'un seul interlocuteur, la SNCF. Dans toutes les régions, on relève une levée de bouclier contre la SNCF. Pourtant, confrontées au renouvellement de leur convention TER, ces mêmes régions ont re-signé pour des durées de 7 à 10 ans. (voir notre bilan sur les TER dans notre Dossier sur la SNCF)

Il faut dire qu'il est impossible pour les régions d'évaluer la convention proposée par la SNCF pour s'assurer que les moyens mis à disposition sont optimum. Seule l'ouverture à la concurrence permettrait aux régions d'évaluer avec justesse ce que leur coûte les transports régionaux. Cette possibilité existe depuis longtemps en Allemagne ou en Suisse. Il faut qu'elle arrive très vite en France. Dès le 3 décembre 2009, le règlement européen 1370 pourrait permettre aux régions de mettre en concurrence les exploitants ferroviaires. Déjà des élus proposent des expérimentations (voir le rapport du sénateur Haenel).

Car les clients excédés attendent de ceux qui prétendent défendre le service public un système de transports qui fonctionne normalement afin qu'ils ne soient plus otages des élections syndicales.

Lire l'interview de Laurent Beauvais, Président de la Région Basse-Normandie