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Comment parler des suicides ?

Le suicide est un drame intime, mystérieux et incompréhensible de l'extérieur. D'après l'INSERM, le taux annuel de décès par suicide en France est de 18 à 20 pour 100.000 habitants. France Telecom emploie 100.000 salariés. Environ 14 de ses salariés se sont suicidés en 2008 et le nombre sera probablement similaire en 2009.

D'après la DREES, sa fréquence qui augmentait régulièrement et fortement avec l'âge, progresse maintenant jusqu'à 43 ans puis baisse jusqu'à 70 ans pour augmenter à nouveau ensuite. Le taux de suicides n'est pas le même pour les hommes et pour les femmes. Différent aussi pour les chômeurs et les actifs, différent pour les citadins et les personnes vivant à la campagne.

L'action préventive des syndicats et de la direction de France Telecom aurait constitué la vraie solution. Médiatiser et utiliser les suicides pour dénoncer des conditions de travail peut devenir nécessaire. Mais attention, cette méthode présente le risque de banaliser le suicide ou de le valoriser, et ainsi de provoquer une épidémie de cet acte de désespoir. Cela ne doit être fait par les responsables politiques et syndicaux que si le lien entre la situation et les suicides est démontré de façon incontestable.

Dans le cas de France Telecom, ces suicides conduisent à poser des questions sur la façon dont ces fonctionnaires ont été gérés (voire conditionnés) au temps où ils faisaient partie d'une administration publique. Des salariés de Molex ou de Continental ont été licenciés à 50 ans dans des bassins d'emploi en crise. Les fonctionnaires de France Telecom sont, au pire, mutés en conservant leur ancienneté, leur salaire, leur augmentation à l'ancienneté et leur garantie de retraite.

Confronté en 2006-2007 à une série de suicides à son TechnoCentre, Renault a mis en place des mesures de réorganisation du travail et de suivi des personnes en difficulté. Quelle que soit l'origine du problème à France Telecom, c'est ce genre de démarche qui doit être appliquée.