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L'aide au développement est politique par nature

Hubert de Milly est ingénieur agronome et docteur en économie institutionnelle de formation. Il a travaillé vingt-cinq ans au ministère de la Coopération et anime depuis deux ans le groupe de travail chargé de l'efficacité de l'aide internationale à l'OCDE.

Cet interview complète notre article sur l'aide au développement en Afrique

- Quels sont les objectifs de l'aide internationale ?

L'aide internationale est un ensemble de flux d'origine publique dirigé vers les pays en développement et dont les objectifs sont d'ordre économique et social. Elle constitue une redistribution à l'échelle mondiale et une correction des inégalités, aussi minime soit-elle. Mais l'aide participe des relations diplomatiques et est donc politique par nature. Les priorités sont variables d'un pays donateur à l'autre, mais répondent généralement à une demande de l'opinion publique en termes de solidarité et de sécurité.

- L'aide au développement améliore-t-elle la vie des gens ?

La réponse est oui. Mais cette réponse est insuffisante car il n'y a pas deux situations qui se ressemblent. L'aide est perfectible. Dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, l'aide internationale représente plus de la moitié des dépenses publiques et jusqu'à la totalité de l'investissement public. L'impact y est globalement positif. Bien qu'elle pose des problèmes de corruption, sans aide, il n'y aurait probablement que peu ou pas de routes, d'électricité, d'écoles ni d'hôpitaux.

Faut-il l'augmenter ?

Oui, les volumes sont trop faibles et il existe aujourd'hui une capacité d'absorption supérieure à l'offre d'aide au niveau mondial. Cela peut sembler paradoxal, lorsque l'on voit que certaines agences ont des difficultés à décaisser l'intégralité de leurs dotations, faute de projets. Les causes se trouvent sans doute dans les excès de contraintes administratives, de contrôle et d'évaluation qui nuisent parfois à l'efficacité.