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L'iFRAP lance le Macronomètre

L'observatoire des réformes du gouvernement

La Fondation iFRAP met en place l'Observatoire des réformes du gouvernement, Le Macronomètre, un site dédié au suivi et à l’évaluation économétrique des réformes du quinquennat du président Emmanuel Macron. A la fois par rapport à son programme électoral et aux annonces de son gouvernement. Les mesures sont notées sur 10. Chaque semaine, une nouvelle note sera publiée le mercredi avant le conseil des ministres. Une fois par an, l’avancée globale des réformes sera notée. A ce stade, la note est de 5,7/10.

Ce site regroupe les réformes et projets de réformes du quinquennat sous forme de fiches en 3 onglets (promesse, projet, texte final).

Sur chaque fiche sont suivis :

  • les points clefs des promesses électorales sur le sujet, et leur respect dans le texte final ;
  • une appréciation (note de 1 à 10 accompagnée d’un texte explicatif déroulant) de la Fondation iFRAP. En page d’accueil du site, une frise chronologique du quinquennat permet de suivre l’avancement de ces projets, et de retrouver les analyses de la Fondation ;
  • un tableau de bord présente le bilan à l’instant du quinquennat et le « dynamisme » du gouvernement.

Le Macronomètre évalue de manière économétrique et non partisane les réformes en fonction de leur effet positif ou négatif sur l’économie française à l’horizon 2022 (déficit public, création d’emplois, balance commerciale…).

Pourquoi lancer un observatoire des réformes ?

Lors des élections présidentielles, jamais les programmes et les promesses n'auront été autant chiffrées et précises. La Fondation iFRAP avait évalué déjà économétriquement l'efficacité des programmes. Ce travail sera donc poursuivi sur le mandat 2017-2022.

Toutes les données sont, aujourd'hui, éparpillées entre plusieurs bases de données officielles (Journal officiel, site du Gouvernement, de l'Assemblée nationale et du Sénat, etc.). Avec le Macronomètre, elles sont lisibles d'un seul coup d'œil. L’objectif est que chacun puisse se faire un avis sur le déroulé (et le niveau) des réformes et du quinquennat.

A l'occasion du lancement du Macronomètre, Agnès Verdier-Molinié, directeur de la Fondation iFRAP, répondait aux questions du Figaro Magazine (voir sur leur site, en cliquant ici) : 

Figaro Magazine : Vous donnez 5,2/10 de moyenne à Emmanuel Macron pour ses principales mesures économiques et sociales. Comment interpréter cette note ?

Agnès Verdier-Molinié : Globalement, l'action de l'exécutif dans ce domaine va dans le bon sens. Sa stratégie est nouvelle, y compris par rapport à celle d'une droite qui, lorsqu'elle était au pouvoir, restait frileuse, surtout sur la baisse de la fiscalité du capital et la suppression de l'ISF. Emmanuel Macron, lui, a compris qu'il fallait pour la France un choc pro-entrepreneurial pour réorienter le système public, choc qui passera inéluctablement par la baisse des dépenses publiques. Comme l'ancrage territorial de La République en marche est faible, ce gouvernement est moins sensible à la résistance au changement des élus locaux. Mais le plus dur reste à faire.

C'est-à-dire ?

Le gouvernement a actionné le levier fiscal et réformé le travail, mais sans aller jusqu'au bout. Les 35 heures ne sont pas déverrouillées, la cause réelle et sérieuse de licenciement n'a pas été redéfinie, le référendum à l'initiative de l'employeur est circonscrit aux petites entreprises, les contrats de mission sont soumis à l'accord des branches, donc des syndicats, qui conservent un pouvoir très fort… Ce dernier point est essentiel. Les syndicats semblent aujourd'hui aphones, mais pour combien de temps? On verra quand s'ouvrira l'épineux dossier des retraites, avec la question des régimes spéciaux des agents publics. La réforme a été reportée à 2019, vraisemblablement après les élections européennes, ce qui est une perte de temps conséquente et un signal inquiétant sur la détermination du gouvernement à mener cette réforme à terme durant le quinquennat. En attendant, les parlementaires ont bien décidé de supprimer leur régime spécial de retraite, mais en convergeant vers le régime… des agents publics !

Au-delà des retraites, les décisions que le gouvernement doit prendre en matière de santé peuvent-elles avoir un impact significatif sur la réduction des dépenses publiques ?

La santé est un sujet fondamental, puisqu'elle représente 200 milliards de dépenses annuelles. Avec les 300 milliards dépensés pour les retraites et les 300 milliards de masse salariale, ce sont les trois gros postes de dépenses. Dans le projet de budget 2018, des économies assez classiques sont prévues sur les médicaments ou les dépenses hospitalières. Mais il faut noter une vraie nouveauté dans le discours: l'idée d'un rééquilibrage entre l'hôpital et la médecine de ville. C'est à rebours du dogme en vigueur depuis des décennies en France. Idem dans l'éducation, où l'on entend pour la première fois un ministre dire que l'enseignement public pourrait s'inspirer de l'enseignement privé.

Le projet de budget s'appuie sur une prévision de croissance de 1,7% à 1,8% du PIB. Est-ce assez ambitieux ?

Ce n'est pas mirifique, mais c'est mieux que sous François Hollande, qui avait complètement cassé la confiance et la croissance. Pour mémoire, en 2011, trois ans après la crise financière, on était à 2,1% !

L'«alignement des planètes» - baisse des taux d'intérêt, de l'euro et du pétrole - dont François Hollande bénéficiait peut-il durer ?

Le président Macron compte sur un contexte économique porteur et il a raison d'être plutôt optimiste, même si la prévision n'est pas une science exacte. Raison de plus pour faire à fond les réformes alors que nous ne sommes pas totalement acculés. Les derniers chiffres d'Eurostat placent désormais la France championne d'Europe des prélèvements obligatoires. La route est encore bien longue mais le nouveau pouvoir semble vouloir faire partager aux citoyens les étapes des réformes. Avec le Macronomètre, nous mettons à disposition de tous un outil pédagogique pour suivre les réformes et les évaluer, notamment en termes de compétitivité et de création d'emplois. En un mot, un outil «disruptif», pour reprendre un concept cher au président de la République.