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La Caisse des dépôts doit-elle devenir partenaire de l'AFP ?

Un mélange des genres de plus en plus inquiétant

Heuliez, La Poste et maintenant l'Agence France Presse. Pour la Caisse des Dépôts et Consignations, un organisme dit "de confiance", créé pour rétablir le crédit financier de l'Etat et défendre les économies des Français contre l'irresponsabilité et l'impécuniosité de l'Etat, ces trois prises de participation devraient être choquantes. Pour les Français elles sont inquiétantes. Déjà il y a deux ans, pour la première fois de son histoire, la CDC a fait des pertes. Or, un rapport vient d'être remis au Ministère de la culture et de la communication "recommande que la Caisse des Dépôts et Consignations soit sollicitée pour être le partenaire de l'AFP".

Dans le cas Heuliez, la CDC se retranche derrière sa prudence. Elle ne débloquera sa contribution de 10 Millions d'euros que si un opérateur industriel s'engage d'abord dans cette affaire. Cette position semble indiquer qu'elle n'a elle-même aucune opinion sur la viabilité de cette entreprise, mais lui permet de manifester sa bonne volonté tout en espèrant bien ne pas avoir à verser cette somme, aucun entrepreneur ne s'engageant dans cette aventure.

Pour La Poste, on change de dimension : 1,5 milliard d'euros a été promis. Pour calmer les syndicats hostiles au changement de statut, le gouvernement l'a annoncé et la CDC a acquiescé. Curieusement, 6 mois plus tard, les négociations entre La Poste et la CDC ne sont pas encore ouvertes. Elles doivent pourtant fixer les conditions fondamentales d'entrée de la CDC au capital de La Poste : examen des comptes, postes d'administrateurs, rémunération des capitaux, stratégie de La Poste. En s'engageant avant de discuter des conditions préalables, la CDC ne dispose en réalité que de très peu de marges de manœuvre dans cette galère.

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Rapport Pigeat sur l'avenir de l'AFP

Avec l'Agence France Presse, entre cent et deux cents millions d'euros sont en jeu et un troisième type de problème se pose. Les doutes sur la rentabilité de cet investissement sont les mêmes que pour les deux dossiers précédents, mais le problème de l'indépendance de cette agence de presse est très particulier. Par déontologie, et simplement pour être crédible vis-à-vis de ses clients, l'AFP doit être indépendante du pouvoir politique. C'est dans ses statuts. Malgré les dénégations des intéressés (« La CDC, contrôlée par le Parlement, est indépendante du pouvoir politique »), l'AFP sera directement liée au gouvernement quand la CDC sera son actionnaire à 49%. Une situation d'autant plus anormale que l'AFP dépend déjà à plus de 40 % des commandes de l'Etat français.

Sur ces 3 dossiers, la CDC semble aux ordres du gouvernement pour se porter au secours de situations compromises, retardant des réstructurations inévitables, un rôle très éloigné de sa mission de protection des économies des Français. La coopérative de distribution de la presse NMPP/Presstalis est à nouveau à la recherche de 100 à 200 millions d'euros : la CDC va-t-elle aussi être invitée à se dévouer ?

Il est temps de clarifier le statut de cet étrange organisme, en isolant ses différentes activités dans des structures adaptées et indépendantes.