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Ces mythes qui ruinent la France

Alain Mathieu, décembre 2011

Alain Mathieu est indigné par les politiques publiques qui nous ont fait reculer dans les classements internationaux. Il est indigné par l'État qui croit savoir tout faire et handicape les entreprises. Et il est indigné par ceux qui, soit tricheurs soit bien placés dans le système, détournent les généreuses politiques sociales à leur profit. Le tout parce que trop d'idées fausses, trop de mythes, sont vénérés en France. Mais Alain Mathieu consacre plus de la moitié de son livre aux atouts de la France et aux réformes qui permettraient de les exploiter et d'aller vers de « Nouvelles 30 glorieuses ».

Le bulletin de santé de l'économie française n'est pas bon, mais comme c'est bien connu, Alain Mathieu [1] le fait bref : « Cinq pays nous ont doublés depuis 30 ans », « Le défi allemand » et le constat que notre pire problème ce n'est pas notre perte de compétitivité avec la Chine, mais avec nos voisins européens et les autres pays développés de l'OCDE.

Feu sur la pensée unique

Comme annoncé par son titre, le cœur du livre est consacré à déboulonner des idées reçues, tellement communes en France qu'elles sont énoncées par la plupart des responsables politiques et des media comme des vérités scientifiques incontestables, notamment : La France est très inégalitaire ; Les emplois verts vont résoudre le problème du chômage ; La spéculation est néfaste, Le protectionnisme est la solution ; La crise a été créée par le secteur privé ; et inévitablement, La crise justifie le retour de l'État.

Avant de traiter ces sujets, Alain Mathieu revient sur les véritables causes des crises de 2008/2009 et 2010/2011. Cela semble nécessaire puisqu'elles sont souvent caricaturées par des : C'est la faute aux marchés ou aux banques. Pour espérer résoudre un problème, il est pourtant indispensable de s'attaquer aux causes profondes et non pas aux effets. Sur la première crise, l'auteur décrit comment la politique d'argent facile de la banque fédérale américaine et celle de prêts immobiliers à des ménages insolvables ont conduit au développement de bulles, notamment dans le domaine immobilier. Ces deux politiques ayant été décidées par le gouvernement américain pour des motifs purement électoralistes, celui-ci en est donc le premier responsable. Certaines banques américaines et étrangères ont incontestablement profité de cet afflux de capitaux pour se lancer dans des spéculations très risquées. Les organismes de contrôle publics des systèmes financiers n'ont d'ailleurs rien fait pour les en dissuader. L'auteur note qu'en France, les deux seules banques en situation critique ont été Dexia et Natixis, issues de la Caisse des Dépôts. Dexia est encore largement contrôlée par des actionnaires publics.

Pour la crise actuelle, le surendettement des États est incontestablement le seul coupable. C'est vrai en Grèce, en Espagne ou en Italie, mais aussi en France où non seulement l'État est en déficit, mais aussi les systèmes sociaux.

Des propositions

Si la dénonciation des « Mythes qui ruinent la France » est la partie la plus décapante, celle qui propose des solutions est la plus opérationnelle pour les prochains gouvernements. Elle occupe d'ailleurs plus de la moitié du livre. Avec d'abord un chapitre sur les « Atouts de la France », à la fois optimiste puisque ceux-ci sont présentés par Alain Mathieu comme considérables.

Les réformes proposées sont fortes et visent à plus d'efficacité par plus de responsabilité et de liberté pour les individus. Par exemple : baisse des dépenses publiques pour les ramener au niveau allemand, réforme du droit du travail privilégiant le dialogue social au niveau des entreprises, réforme de la fiscalité avec un impôt à taux unique, dose de capitalisation pour les retraites, relance des privatisations, suppression du monopole de la sécurité sociale, vente des HLM, suppression de l'ISF, réforme des collectivités locales.

Contrairement à la morosité ambiante, la conclusion d'Alain Mathieu est que grâce aux réformes proposées, il est tout à fait faisable en France d'aller : « Vers de nouvelles Trente Glorieuses ».

Président de Contribuables associés, Alain Mathieu est ancien élève de Polytechnique, et cela explique la précision et la mécanique impeccables de son livre. Il a dirigé de grandes entreprises, et cela explique sa compréhension des mécanismes financiers et économiques mondiaux. Mais ses années passées sur le terrain à diriger sa propre PME sont certainement pour beaucoup dans les convictions qui l'ont persuadé d'écrire « Ces mythes qui ruinent la France » et dans les mesures très concrètes qu'il préconise.

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Un espoir de réalisme de la société française ?

Les propositions contenues dans ce livre ne sont pas a priori conformes à la pensée unique, mais certaines ont déjà été défendues par des personnalités très diverses. Exemples :

  • Les Gracques (groupe de hauts fonctionnaires de gauche soutenant François Hollande) dans « Ce qui ne peut plus durer »
    - La croissance durable n'est pas construite par l'État mais entraînée par les entreprises. Les relances par la consommation ne fonctionnent plus.
    - L'argent que gagnent les riches n'est pas en général pris aux autres, mais créé par l'ingéniosité ou la prise de risque.
    - Les dépenses ce sont d'abord des salaires des fonctionnaires, des transferts sociaux et des interventions des collectivités locales. Économiser 35 milliards nets sur 3 à 5 ans est possible.
  • Michel Rocard
    - Le protectionnisme est une catastrophe, il faut le condamner
  • Alternatives économiques
    - Il est effarant de voir tous ces énarques et économistes qui n'ont jamais rien fabriqué ou vendu de leur vie, nous expliquer ce que seront les produits et services phares de l'économie de demain.)]

[1] Président de Contribuables Associés