Actualité

Augmentation du budget du ministère des Affaires étrangères

Il est coutume de dénoncer les sacrifices budgétaires du ministère des Affaires étrangères. Pourtant le Quai d'Orsay est loin d'être mal loti et son budget est au contraire en hausse. Une utilisation pertinente des crédits suffirait à donner un nouveau souffle à ce ministère.

Diplomates et anciens du Quai d'Orsay dénoncent inlassablement la lente agonie du ministère des Affaires étrangères. Selon eux, ce ministère serait sacrifié sur l'autel des économies budgétaires. Cette affirmation tant de fois répétée n'est pourtant pas si évidente. La tendance inverse est même chiffrable : le budget du ministère des Affaires étrangères est en hausse. Il se divise en trois « missions » au sens de la LOLF : « Aide publique au développement » (2 milliards d'euros), « Action extérieure » (2,9 milliards) et « Engagements en faveur de la forêt dans le cadre de la lutte contre le changement climatique » (30 millions d'euros). En additionnant le coût de ces trois missions, on obtient un budget général du ministère des Affaires étrangères, passé de 3,9 à 4,9 milliards en dix ans.

La mission principale du ministère, « l'Action extérieure » témoigne à elle seule de cette augmentation. Le budget de cette mission est passé de 2,6 à 2,9 milliards d'euros entre 2010 et 2011. A chaque fois qu'un responsable reconnaît cette hausse, un argument apparemment imparable est avancé : l'augmentation budgétaire ne profite pas à l'action extérieure mais compense l'augmentation importante des contributions obligatoires de la France. Et pour cause, ces contributions obligatoires comprenant également les opérations de maintien de la paix ont subi une augmentation substantielle. Ces contributions sont dues aux 72 institutions internationales desquelles la France fait partie (OTAN, OSCE, AIEA, OIAC, OTICE, Interpol, Europol, etc). S'élevant à 333 millions d'euros en 2000, elles n'ont pas arrêté d'augmenter pour atteindre en 2011 plus de 842 millions d'euros. Le député Jean-François Mancel, rapporteur de la mission « Action extérieure », résume : « Le poste de dépense des dotations aux contributions internationales et aux opérations de maintien de la paix est très élevé : il représente plus de 30% des moyens de la mission Action extérieure de l'État. » Là où les Français consacrent 377 millions d'euros de contributions hors opérations de maintien de la paix, les Anglais se contentent de 220 millions d'euros. Pourquoi ? Dans le cadre de la RGPP, le ministère s'est engagé à travailler dans le sens d'une plus grande transparence notamment à travers «  la mise en place d'un réseau interministériel de gestion des contributions internationales » et le «  renforcement de l'évaluation grâce à la mise en place d'un tableau de bord et au renforcement de la présence française dans les organes de contrôle multilatéraux ».

En matière d'évaluation et de contrôle de l'évolution de ces dépenses, il reste du chemin à parcourir. La mission « Action extérieure de l'Etat » est comparable à l'action du « Foreign office » anglais. Cependant, contrairement à la France, le Foreign office inclut dans ses 2,6 milliards d'euros de budget l'action économique et l'action audiovisuelle qui elles ne figurent pas dans le budget français. Ce budget et les 14.000 agents travaillant à ces missions suffisent donc aux Anglais. Pour être comparable aux missions de son homologue britannique, il faut ajouter aux 2,9 milliards de l'action extérieure de l'État français, les budgets de l'action audiovisuelle (330,3 millions d'euros) d'Ubifrance (104 millions d'euros), du service économique des ambassades (97,3 millions), de l'Agence Française des Investissements Internationaux (22,6 millions). Au total, 900 millions d'euros et 1.000 agents de plus que le Foreign Office. Et les différences risquent de s'accentuer : le plan de rigueur anglais prévoit une baisse de 28% des dépenses du Foreign office quand les Français consacre 6% de crédit en plus à l'action extérieure. Il semble que ces deux pays aient une conception différente de la rigueur budgétaire

Crédits affectés en PLF aux contributions internationales