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Encore la perversité du CDI non résiliable

P.O. est le jeune chef d'une entreprise réunissant tous les corps d'état de second œuvre dans le bâtiment. Déjà 33 salariés pour une entreprise créée il y a 2 ans, qui vient de signer pour un chantier d'électricité sur une cinquantaine d'appartements. Se refusant à pratiquer la sous-traitance, P.O. va engager le personnel nécessaire, soit pour ce chantier à lui seul, 8 salariés supplémentaires. Une augmentation de personnel d'un quart, ce qui est considérable en termes relatifs. La durée du contrat est d'environ une année et demie, avec bien entendu une marge importante d'incertitude.

P.O. emploiera ces 8 personnes supplémentaires en CDD, parce que s'il avait choisi d'embaucher en CDI, et qu'au bout de ces dix-huit mois ce chantier n'était pas remplacé par un autre, il ne pourrait pas licencier le personnel devenu inutile compte tenu de la jurisprudence selon laquelle la perte de chiffre d'affaires ne justifie pas un licenciement économique. Le résultat est parfaitement pervers. Il serait normal que cette embauche d'assez long terme soit faite en CDI, ce qui permettrait une souplesse d'affectation des ouvriers, n'obligerait pas à fixer une date couperet, forcément artificielle, pour la fin de contrat, et surtout diminuerait fortement la précarité des salariés en leur ouvrant droit à des indemnités de licenciement.

Seulement voilà, la loi est à ce point perverse qu'en rendant extrêmement risquée cette solution du CDI, elle finit par contraindre à choisir une autre solution qui se retourne contre les intérêts de ceux qu'elle est censée protéger.