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Réforme du logement social : les associations ont-elles raison de dénoncer la fin de la loi SRU ?

La ministre du Logement Christine Boutin vient de présenter en Conseil des ministres son plan logement. Les premières mesures ont déjà déclenché la colère des associations de mal-logés. En effet, l'une des mesures proposées est la prise en compte des logements sociaux en accession à la propriété dans le comptage des 20% de logements sociaux décrétés par l'article 55 de la loi SRU. Les associations voient dans cette mesure la possibilité de contourner les objectifs de construction de logements sociaux pour de nombreuses grandes villes. Mais la vraie question pourrait être posée autrement : la contrainte imposée par la loi SRU est-elle le bon moyen de résoudre la crise du logement ?

En effet, il faut se rappeler que selon les critères actuels, 70% des Français sont éligibles à une HLM. On voit bien l'effort irréaliste qu'il faudrait produire pour satisfaire les besoins en logements sociaux, alors même que tous les observateurs déplorent le faible taux de rotation des ménages occupant des HLM. En 2008, notre idéal doit-il être d'accroître encore la part du logement social alors que celui-ci représente déjà plus du tiers du parc de logements ? L'existence même de ce compartiment social avec des loyers deux à trois fois inférieurs à ceux du marché libre doit au contraire être remise en question dans sa forme actuelle. (voir le dossier de Société Civile consacré au logement social).

S'il y a une crise du logement dans notre pays, notamment dans de nombreuses grandes villes qui souffrent du manque de construction, il convient de s'interroger sur les causes de l'insuffisance de production (inflation du coût administratif et normatif de la construction) ou de mise en location de nouveaux logements (comment expliquer que les sociétés financières aient à ce point déserté le marché de l'investissement locatif ?).

Ne pas prendre en compte les logements sociaux neufs en accession à la propriété ou vendus à leurs locataires dans les 20% SRU – mesure de bon sens dans un système largement inefficace - est certainement la meilleure façon de décourager les communes d'investir dans ces programmes. C'est sans doute le but de nombreuses associations hostiles à la promesse de Nicolas Sarkozy de faire passer le nombre de Français propriétaires de leur logement de 50 à 70% comme dans plusieurs pays étrangers.