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Réforme de l'assurance-maladie aux USA selon Barack Obama

Attention aux « faux amis »

La classe politique française, globalement favorable à Barack Obama, est enthousiasmée par son plan de Couverture maladie universelle. Ce système vise notamment à faire assurer les 47 millions d'Américains qui ne le sont pas actuellement [1]. Des personnes qui, soit choisissent de ne pas s'assurer, estimant leur risque de maladie très faible, soit n'en ont pas les moyens. Ce sont souvent des personnes aux revenus modestes, travaillant dans de petites entreprises ou en indépendants. Les pauvres, une partie des enfants et les personnes de plus de 65 ans sont, quant à eux, déjà pris en charge par la collectivité pour la partie la plus importante de leurs soins.

Projet instituant une assurance-maladie obligatoire pour tous avec une aide éventuelle de l'État : nos responsables et de nombreux commentateurs en ont déjà conclu que Barack Obama projette de mettre en place un système d'assurance-maladie « à la française ». Mais, voici son programme :

« Under the Obama plan, Americans will be able to maintain their current coverage if they choose to », soit : « Avec le plan Obama, les Américains pourront conserver leur couverture actuelle s'ils le veulent ».

Faux amis

Entre le Français et l'Anglais, il existe des listes entières de mots qui se ressemblent, mais qui ont des sens très différents. « Universal health insurance » peut faire penser à « Caisse nationale d'assurance-maladie » ou à « Couverture maladie universelle », mais a très peu à voir avec eux.

C'est exactement ce qu'Hillary Clinton avait annoncé dans son programme : « This is not government- run : there will be no new bureaucracy. You can keep the doctors you know and trust. You can keep the insurance you have, if you like that », soit : « Ce n'est pas un programme géré par le Gouvernement : il n'y aura pas de nouvelle bureaucratie. Vous pouvez garder les médecins que vous connaissez et en qui vous avez confiance. Vous pouvez garder l'assureur que vous avez, si cela vous convient ».

L'objectif de Barack Obama est bien que, comme en France, tous les citoyens soient assurés. Mais la méthode est complètement différente, puisque les Américains conserveront la liberté de choisir leur assureur. En France, nous sommes contraints de nous assurer à la Cnam (ou à la MSA ou la Canam, suivant la profession) pour l'assurance obligatoire et pouvons choisir en plus une assurance complémentaire.

C'est précisément ce manque de souplesse qui fait que notre système de soins fonctionne de façon incohérente : ni le coût des soins, ni leur qualité ne sont pris en compte par la Cnam pour guider leurs clients vers les filières les plus performantes. Et la dualité assureur obligatoire/assureur complémentaire, en plus de dupliquer les frais administratifs, achève de déresponsabiliser tous les intervenants. Puisque nos responsables sont si enthousiasmés par le plan Obama, pourquoi persistent-ils à interdire, en France, la concurrence entre assureurs santé ?

[1] Notez que si 47 millions sont à tout moment sans assurance, seulement 5 millions y sont sur une période de plus de 48 mois.