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Oséo n'investira plus dans les start-up ...

Quelle bonne nouvelle !

Un article du Monde « les petites sociétés innovantes déplorent l'abandon des pouvoirs publics » explique que l'essentiel du budget d'Oséo Innovation, ex Anvar, est désormais consacré à financer les projets de recherche de grands groupes et d'ETI, les entreprises de taille intermédiaire (grosses PME).

L'article déplore que les dirigeants d'Oséo Innovation « n'aient plus la main sur le personnel distribuant l'aide en région », rattaché à un certain Joel Darnaud, un professionnel de la banque qui applique les méthodes de ce secteur. Et continue Le Monde : « Ce qui incite à faire du chiffre, sans forcément s'attacher à la qualité du dossier, au caractère réellement innovant des produits et services dont il est censé financer l'élaboration ».

On devrait dire « enfin ! ». Car pourquoi veut-on qu'une agence d'Etat soit plus performante que le secteur privé dont le capital-risque a depuis longtemps compris qu'il perdrait tout l'argent du monde s'il continuait à financer les « start-up », l'objet des doléances du Monde. Perdre de l'argent public n'est en rien une excuse à l'échec. Les Américains l'avaient même compris dès 1958 d'où la loi dite « small business investment act » qui introduit des dispositions fiscales (la subchapter S) pour multiplier les Business Angels et les SBIC, des petits fonds privés avec des conditions de prêt avantageuses pour compléter les sources de financement des start-up.

Félicitons Oséo Innovation d'avoir orienté ses fonds là où il peut y avoir une rentabilité et de ne pas avoir continué un dispositif terriblement discutable. Se demander pourquoi après 35 ans d'ANVAR, l'innovation va si mal en France ; et regarder comment était géré l'ANVAR dans le dossier « Cour des comptes » par son directeur général et son secrétaire général, tous deux condamnés par la Cour de discipline budgétaire. Reste à savoir ce qu'en pensent les sociétés de capital-risque si Oséo leur fait concurrence.

Cet alignement de la politique de l'Etat sur le bon sens aurait en outre le grand mérite de poser le problème de la création et du développement des start-up en termes concrets.

Si nous voulons être compétitifs, il faut réaliser que :

- les montants distribués par Anvar ou Oséo aux start-up étaient ridicules ; ce n'est pas 400 millions que les Américains ou même les Anglais injectent dans leurs start-up mais au moins dix fois plus.
- Un seul guichet est plus qu'une erreur, c'est une faute car en matière de création d'entreprise, personne ne détient la formule pour dire quel sera le bon projet et il faut une multitude de sources de financement en concurrence pour exploiter correctement l'ardeur créatrice d'une nation.
- C'était d'autant plus absurde que plus de 90% des start-up américaines et des emplois qu'elles créent sont fondés sur des idées de marketing, pas de technologie où des organismes comme l'ANVAR ou Oséo sont difficilement compétents. Puisque c'est la saison du Salon des Entrepreneurs, faut-il rappeler celui de 2006 à la tribune duquel figuraient à gauche 3 start-up ayant remarquablement réussi, Price Minister, Mille Mercis et Acadomia et à droite l'ANVAR, Oséo et la Caisse des Dépôts, les pourvoyeurs de fonds. Et ceux de gauche n'avaient jamais demandé un sou à ceux de droite mais avaient réussi avec l'aide financière de Business Angels.

Le Monde se lamente, mais ce qui arrive est la meilleure des choses : le moment de se demander enfin pourquoi nos PME sont des mulets, pas des chevaux de course (et n'ont que très peu d'espoir de se développer malgré tout l'argent qu'y mettra l'Etat), pourquoi nous fabriquons si peu de start-up et quelles politiques il faudrait mener pour sortir de cette impasse et nous mettre à créer enfin massivement des emplois. Et cela passe par le développement massif des Business Angels, notamment de ceux qui investissent plus de 100.000 euros par an. Avec des déductions fiscales qui comme l'EIS Anglais injectent chaque année 1 milliard d'argent privé, des déductions modestes (20% de l'apport initial déduit des impôts + déduction des plus-values après 3 ans) mais avec un plafond de 800.000£.

La clé de nos start-up n'est pas dans une agence d'Etat mais dans notre politique fiscale.