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"On ne peut pas créer de la croissance contre l'entreprise"

Le journal La Voix du Nord a interviewé Agnès Verdier-Molinié, directeur de la Fondation iFRAP, sur les sujets qui ont fait l'actualité de la semaine : le budget en cours de discussion, la taxe à 75 %, les emplois aidés,...

Extraits :

l'interview d'Agnès Verdier-Molinié dans La Voix du Nord (texte intégral en PDF)

[*Budget 2013*]

« Le budget en cours de discussion repose sur des engagements dépassés. Quand nous refaisons le calcul à la fondation iFRAP, nous n'arrivons pas à 10 milliards d'euros d'économie comme annoncé, mais plutôt 5,7 milliards voire 6. Et ce budget a été calculé sur une croissance de 0,8 % alors qu'il est possible qu'elle ne soit que de 0,4 %. Petit souci, les recettes fiscales attendues ne seront pas au rendez-vous. Et le budget de l'État continue à augmenter, 369 milliards d'euros cette année, 370 en 2013. »

[*ISF et taxe à 75 %*]

« Fabrice Lucchini dit au Figaro-Magazine qu'il travaillera moins l'année prochaine pour ne pas avoir à payer cette taxe à 75 %. Personne, dans la gauche de gouvernement, ne pense que c'est une bonne mesure. Pour gagner à peine 200 millions d'euros et toucher 3 ou 4 000 personnes. Le problème, c'est qu'on soit dans le symbolique. On aboutit au questionnement d'un pays : à quoi sert-il de se lever tôt et de travailler plus pour être trop taxé ? C'est une mauvaise mesure qui va engendrer des comportements désastreux. Mais on le fait quand même. Il faut se poser la question de la légitimité de ce genre de promesses. Le rôle d'un politique, c'est de faire des promesses pour gagner ou bien d'expliquer la réalité aux électeurs et de donner un cap pour résoudre les problèmes ? Là, on monte les uns contre les autres. Cette ambiance va faire partir les entrepreneurs de France, empêcher les étrangers de talent de venir travailler à Paris. Petit à petit, la France va se vider de ses sièges sociaux. Même chez les dirigeants du CAC 40, quand on discute avec eux, tout le monde se pose la question de délocaliser. »

[*45 000 emplois aidés supplémentaires*]

« Tous les gouvernements précédents, de gauche, de droite, l'ont fait. C'est une solution de très court terme pour ne pas trop déprimer devant les chiffres du chômage. Ce sont souvent des emplois dans les administrations, dans le parapublic, où on n'apprend pas grand-chose. Une étude montre que les emplois jeunes ont plus de mal à trouver un emploi par la suite. Ils sont stigmatisés. Je ne jette pas la pierre mais ce n'est pas une politique. L'emploi marchand passera par les entreprises. »

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