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L'OCDE juge les deux premières années du mandat de Nicolas Sarkozy

Comme elle le fait à peu près tous les deux ans pour la France, l'OCDE vient de mettre à jour son étude économique (146 pages plus les annexes), qui porte donc sur les deux premières années du mandat de Nicolas Sarkozy. L'Organisation de Coopération et de Développement Economiques, qui se donne essentiellement pour objectif le développement de la croissance, de l'emploi et du niveau de vie, ce sont trente pays membres, 2 .500 agents et plus de 300 millions d'euros de budget. Ses conclusions, qui concernent l'insertion de la France dans le concert des nations suivant les principes de l'économie de marché qui gouvernent le monde, méritent donc plus que l'attention distraite qui lui a été récemment portée par les médias.

L'OCDE assigne à la France une feuille de route traitée en quatre chapitres ainsi intitulés :
- Affronter la récession et préserver la soutenabilité des finances publiques
- Avancée des réformes du marché du travail et dans les autres domaines
- Le défi du redressement de la compétitivité française
- Renforcer la concurrence pour accroître l'efficacité et l'emploi

L'étude insiste particulièrement sur l'insuffisance du taux d'emploi, concentrée sur les 15-24 ans et les 55-64 ans, ainsi que sur l'insuffisance des heures travaillées par employé. Augmenter l'emploi et le temps de travail conditionnerait ainsi l'assainissement des comptes publics et favoriserait la baisse des cotisations sociales, alors que l'importance des charges nuit à la compétitivité des entreprises françaises.

Passant des constatations aux remèdes, l'OCDE évoque particulièrement l'abaissement du coût du travail pour les moins qualifiés en agissant sur la modération de l'évolution du SMIC, l'assouplissement de la législation sur les licenciements économiques et l'incitation au travail des seniors.

Le jugement porté sur l'action gouvernementale depuis deux années est flatteur dans la mesure où les multiples réformes engagées vont incontestablement dans le bon sens. En particulier le plan de relance français recueille l'assentiment de l'OCDE dans ses deux composantes que sont l'aide au système financier et les actions concentrées sur l'appareil productif plus que sur la consommation.

Toutefois le « doit mieux faire » est présent à presque toutes les pages. Quelques exemples : la démarche entreprise dans le cadre de la Réforme Générale des Politiques Publiques est saluée, mais son insuffisance est aussi relevée, car elle n'a abouti qu'à une économie trop modeste de moins de 1% des dépenses publiques, aucune mesure n'ayant concerné la sécurité sociale ni les administrations locales. Les avancées en droit du travail n'ont pas permis de remédier au dualisme du marché du travail (salariés en CDI très protégés et salariés en situation de précarité), l'OCDE regrettant l'échec du contrat unique. Le licenciement économique n'a fait l'objet d'aucune réforme, et la rupture conventionnelle est certes un progrès, mais il faut en surveiller les possibles effets pervers (abus du système d'assurance chômage). Le recul de l'âge de la retraite reste encore à décider. Sur l'enseignement, la LRU est une réforme capitale en ce qu'elle a institué l'autonomie des universités, mais ne s'est pas accompagnée d'une sélection à l'entrée. Les seuils sociaux se sont plutôt compliqués, avec pour conséquence la réticence des employeurs à recruter (le franchissement du seuil de 50 salariés entraîne l'application de 34 réglementations supplémentaires), etc.

L'iFRAP ne saurait trop insister sur l'intérêt des conclusions de l'OCDE, tant il y reconnaît les préconisations et les combats qui sont les siens depuis de nombreuses années : modération des dépenses publiques, assouplissement du droit du travail et particulièrement des règles du licenciement, recul de l'âge de la retraite, modération du SMIC, simplification des niches fiscales, sélection à l'entrée des universités, et jusqu'à des détails de réforme comme l'intégration de la prime pour l'emploi dans le RSA. Les recommandations de l'OCDE sont donc autant d'encouragements à poursuivre les réformes.

Les préconisations de l'OCDE sont enfin une source de réflexion de nature politique. Elles représentent en effet autant de chiffons rouges. En particulier l'assouplissement du droit du travail, la modération du SMIC ou encore la concurrence dans les services publics vont à l'encontre notamment des points phares du programme du PS, tels que Martine Aubry les a récemment énumérés.