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L'iFRAP publie un palmarès de l'absentéisme dans les CHU (sans l'AP-HP)

Vendredi 12 février, une dépêche APM international reprennait le palmarès de l'absentéisme dans les hôpitaux de la Fondation iFRAP (à voir en intégralité, en cliquant ici).

L'Ifrap publie un palmarès de l'absentéisme dans les CHU (sans l'AP-HP)

PARIS, 12 février 2016 (APM) - La Fondation Ifrap, "think tank" spécialisé dans l'analyse des politiques publiques, a publié vendredi un "palmarès" de l'absentéisme dans 30 CHU-CHR (sans l'AP-HP), qui place celui de Lille en tête.

Dans sa publication mise en ligne sur son site internet, la Fondation Ifrap indique que "pour la première fois", elle "présente le classement de l'absentéisme dans les hôpitaux de France à la suite de l'analyse des bilans sociaux des centres hospitaliers universitaires pour l'année 2013 (dernières données récupérables)".

"Le podium des 'mauvais' élèves en matière d'absentéisme est composé du CHU de Lille (30,99 jours toutes causes), du CHU de Rouen (30,94 jours toutes causes) et du CHU d'Amiens (29,37 jours toutes causes)", indique-t-elle.

Elle précise, dans un tableau, qu'hors parentalité, l'absentéisme a représenté 24,67 jours au CHU de Rouen et 23,92 jours au CHU d'Amiens (cette donnée n'étant pas précisée pour le CHU de Lille).

La fondation ajoute que "le podium des 'bons' élèves est composé du CHU de Limoges (21,35 jours toutes causes), du CHU de Caen (21,69 jours toutes causes) et du CHU de Nîmes (22,49 jours toutes causes)".

Dans son tableau, la Fondation Ifrap distingue le nombre de jours d'absence selon le personnel médical et le personnel non médical. Par exemple, au CHU de Lille, ces nombres sont respectivement de 12,15 jours et de 32,64 jours.

Elle publie un autre tableau avec les taux d'absentéisme.

Le CHU de Lille et celui de Rouen n'ont pu être joints par l'APM pour réagir.

DES RESULTATS QUI REJOIGNENT LES TAUX GLOBAUX DE L'ATIH

Elle précise que cette étude sur 30 CHU-CHR "donne des résultats très similaires" à ceux de l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH), "malgré les reconstitutions de données en fonction des éléments manquants".

Ainsi, les absences toutes causes dans les 30 CHU sont de 3,12% pour le personnel médical et de 7,48% pour le personnel non médical.

En données exprimées en jours, les absences sont de 11,38 jours pour le personnel médical et de 27,29 jours pour le personnel non médical.

Les absences hors parentalité dans les 30 CHU sont de
1,58% pour le personnel médical et de 4,58% pour le personnel non médical. En données exprimées en jours, elles sont de 5,81 jours pour le personnel médical et de 16,71 jours pour le personnel non médical.

PAS DE DIFFERENCE IMPORTANTE AVEC LES CLINIQUES

La Fondation Ifrap ajoute qu'elle a pu obtenir des données concernant une partie des cliniques privées auprès de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).

Elle précise qu'après des calculs, elle a obtenu un nombre de jours moyen d'absence de 24,4 par salarié et par an, soit un taux d'absentéisme de 6,7%.

"On constate qu'il n'y a pas a priori de différence sur l'absentéisme toutes causes qui se situe pour l'ensemble du personnel à 24,4 jours pour l'hospitalisation privée contre 26,27 jours dans les hôpitaux publics de notre échantillon et à 19,4 jours hors parentalité pour l'hospitalisation privée contre 20,47 pour les hôpitaux publics", observe la fondation.

AP-HP: L'IFRAP A SAISI LA CADA

Contactée par l'APM vendredi, Agnès Verdier-Molinié a indiqué que cette étude de l'Ifrap sur l'absentéisme faisait suite à de précédentes enquêtes réalisées aussi par la fondation concernant les collectivités locales, plus précisément les communes, les conseils départementaux et les conseils régionaux.

L'Ifrap a interrogé directement les CHU à ce sujet. L'ATIH, qui publie chaque année une synthèse des bilans sociaux des hôpitaux, et l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) n'ont pas répondu à l'enquête, souligne Agnès Verdier-Molinié.

S'agissant de l'AP-HP, elle précise que la fondation a contacté les hôpitaux eux-mêmes, les pôles, la direction centrale mais sans succès. "Nous avons saisi la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada) pour avoir les bilans sociaux de l'AP-HP", annonce-t-elle tout en estimant que ces données auraient pu conduire à un classement différent.

Elle regrette à cette occasion que les hôpitaux aient l'obligation de tenir des bilans sociaux mais pas de les publier.

Interrogée sur l'analyse des résultats, elle indique, au regard de ceux obtenus pour les collectivités territoriales, que les taux élevés d'absentéisme se retrouvent aux mêmes endroits.

Par exemple, la Région Nord-Pas-de-Calais était une des premières en nombre de jours d'absentéisme par agent, souligne-t-elle. "Il y a vraisemblablement un tropisme lié aux pratiques de certains territoires", estime-t-elle.

Elle regrette cependant de n'avoir pu aller dans un certain "degré de finesse", par exemple pour faire une distinction entre les personnels titulaires et les personnels contractuels.

Si elle convient que le personnel hospitalier peut être effectivement davantage sujet aux arrêts maladie, elle s'étonne cependant de l'écart "énorme" qui existe entre le personnel médical et le personnel non médical. "Dans tous les CHU, on retrouve cet écart inexplicable", relève Agnès Verdier-Molinié.

Pour la directrice de l'Ifrap, ces résultats doivent conduire à réfléchir à une politique spécifique pour réduire l'absentéisme, par exemple en développant des primes de "présentéisme", comme le font des communes.

Mais pour elle, cela pose aussi le problème du statut des fonctionnaires qui n'est "pas un outil suffisant pour motiver" les agents.

Elle s'interroge aussi sur les procédures qui existent actuellement lors de la reprise du travail après un arrêt maladie de longue durée, en particulier sur l'avis que doit obligatoirement donner le comité médical après un arrêt d'au moins 12 mois. Cette procédure retarde le retour en activité, remarque-t-elle.