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Les Français et l'entreprise - Réponse de Pierre Méhaignerie

Colloque "Mettre l'emploi au coeur de la campagne"

La question que je voudrais vous poser au nom de nos 100 000 entrepreneurs est la suivante : Même s'il est naturel que les entrepreneurs se prennent en main pour aller raconter leur expérience à des jeunes, que pouvez-vous faire, vous, les politiques, pour nous aider, bien au-delà des mesures techniques, pour véhiculer dans ce pays la culture d'entreprendre et faire qu'un jour, en France, on aime nos entrepreneurs autant qu'on aime nos footballeurs ?

Pierre Méhaignerie - Je voudrais d'abord remercier Philippe Hayat dont j'ai lu son expérience au collège de Bondy. Je pense que si des centaines de milliers d'entreprises faisaient ce déplacement, nous gagnerions beaucoup. Hervé Morin parlait du rêve de son père, le rêve de mon père était que je devienne agriculteur, mais je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas fait Sciences Po ni l'Ena, mais ingénieur agronome pour rester fidèle à la tradition familiale. Cela dit, je pense que les hommes politiques ont un rôle important et Nicolas SARKOZY répète dans toutes ses rencontres et toutes ses réunions que dans une économie moderne, l'État et les entreprises doivent coopérer ensemble. Donc, évitons de caricaturer comme certains hommes politiques le font encore, l'entreprise est un premier service.

Le deuxième élément, c'est certainement de réconcilier l'école et l'entreprise, et je pense qu'il y a deux moyens à développer encore, bien qu'ils aient déjà beaucoup progressé, ce sont l'alternance et les stages. Il y a des jeunes qui ont envie d'aller dans l'entreprise, mais qui ne trouvent pas toujours de stage, donc il y a aussi une responsabilité des entreprises, de façon à permettre aux jeunes de pénétrer dans l'entreprise. Il y a aussi un problème de formation. Je lis Alternatives Economiques qui est une revue mensuelle de qualité, mais qui ne défend qu'une thèse. J'ai suggéré au professeur d'économie du lycée de Vitré qui conseille à ses élèves les articles d'Alternatives Economiques, d'utiliser en même temps une autre revue, de manière à développer l'esprit critique des enfants. Je crois qu'il y a là un élément extrêmement important.

Je voudrais souligner l'effort de simplification nécessaire. J'ai un fils qui s'est lancé dans l'entreprise et qui, il y a quatre ans, m'a fait remarquer que pour entreprendre en France, il fallait aimer vivre sous la menace. C'est un sentiment qui est ressenti par beaucoup d'entrepreneurs, compte tenu de la paperasserie et de la bureaucratie. Là, nous avons tous à faire un effort qui est encore insuffisant. Le dernier élément, c'est l'éducation, y compris des plus jeunes enfants. On entend souvent autour de soi des parents dire à leurs enfants, « ne fais pas ceci, ne fais pas cela », alors que dans d'autres systèmes éducatifs, il est donné très tôt à l'enfant des initiatives, c'est déjà l'apprentissage de la responsabilité. Je crois que ce goût de l'initiative et de la responsabilité doit s'apprendre dès le plus jeune âge.

Cet article fait partie du colloque Mettre l'emploi au cœur de la campagne