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Le licenciement économique toujours tabou

Nous avions il y a douze mois, au moment de la conclusion de la négociation sur la modernisation du travail, regretté que la question du licenciement économique et de sa définition n'ait même pas été, officiellement du moins, évoqué par les partenaires.

Ce matin, voilà le diable qui paraît ressortir de sa boîte. Les médias annoncent que dans son discours de clôture de l'assemblée générale du Medef, Laurence Parisot va jeter un pavé dans la mare en demandant à inclure la question dans l'agenda des négociations salariales pour 2009. Il s'agirait de revoir les procédures du licenciement économique pour le rendre plus rapide, de le sécuriser juridiquement et enfin d'en modifier la définition «  pour permettre aux entreprises de licencier avant d'être en difficulté financière ». L'iFRAP a plusieurs fois proposé un texte modificatif de cette définition. (voir notre rubrique Licenciements et Emplois)

Il faut dire que dans la conjoncture actuelle, cette déclaration eût constitué une déclaration de guerre aux syndicats : comment obtenir en 2009 une vraie discussion sur un sujet qui n'avait pu être abordé en 2007 ?
Et de fait, Laurence Parisot précise tout de suite que sa proposition porte sur « une délibération sociale », dans laquelle le sujet du licenciement économique « peut » être inclus parmi d'autres. Elle ajoute : « discutons du diagnostic… il est hors de question que l'une ou l'autre des parties arrive avec un texte ficelé et définitif qui cherche à imposer son point de vue ».

On attendait donc quelque chose dans le discours de ce matin. La présidente du Medef y a certes évoqué le « concept de délibération sociale… espace de réflexion… processus au terme duquel on apporte une réponse à cette question : oui, nous avons des éléments, un climat, des perspectives propices pour ouvrir une négociation ; ou, non la maturité réciproque n'est pas là, les conditions ne sont pas réunies. » Quant au contenu de cette délibération sociale, à part le paritarisme dont le mot est prononcé, on nous dit que «  la période que nous traversons impose l'évidence que nous devons aller plus loin et franchir une étape supplémentaire tant dans l'intérêt des entreprises que dans celui des salariés. Il s'agit d'améliorer la réactivité des entreprises pour faire face aux incertitudes incroyablement nombreuses auxquelles nous sommes confrontés. Mais en poursuivant, en approfondissant la démarche déjà engagée de sécurisation des parcours professionnels des salariés ».
Que de galantes circonlocutions pour éviter de prononcer le mot tabou ! Et bien entendu, comme il faut être au moins deux pour délibérer, le diable ne sera-t-il sorti, comme les roses, que l'espace d'un matin ?