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L'apport potentiel des Business Angels

Partie III.1 Allons chercher la croissance !

Par Nicolas FRITZ, Directeur de France Angels
France Angels est une association loi 1901 qui a été créée en 2001. Elle a véritablement commencé ses activités en 2003. Cette association a donc été créée par des Business Angels qui souhaitaient voir le nombre d'investisseurs comme eux se multiplier rapidement et très vite sur le territoire national.

Aujourd'hui, France Angels a trois activités majeures :

- L'association pour la promotion de l'investissement par les Business Angels. Nous organisons tous les ans un grand nombre d'évènements. Nous sommes présents le plus possible dans la presse. D'ailleurs, je vous invite à lire Les Échos de mardi, qui présente une pleine page sur le rôle des Business Angels.

- France Angels promeut l'activité de Business Angels pour inciter un maximum d'investisseurs potentiels à rejoindre les rangs notamment des réseaux de Business Angels. France Angels a participé à la création de près de 60 réseaux. C'est aujourd'hui la Fédération de Réseaux de Business Angels ! Nous jouons et développons notre rôle de fédération. C'est-à-dire être un centre de ressources, de formation pour les investisseurs et pour les animateurs de ces réseaux de Business Angels.

- Désormais, France Angels est une force de lobbying. Les Business Angels sont aujourd'hui clairement reconnus dans l'écosystème national français, tant auprès des professionnels de l'accompagnement ou du financement des entreprises à potentiel, qu'auprès des pouvoirs publics. Nous avons donc clairement une activité de lobbying et nous collaborons de plus en plus avec l'IFRAP sur ces questions.

Mise en perspective des Business Angels en France

Quelle est l'évolution des Business Angels ces dernières années ? Quel est le potentiel sur le territoire national ?
l'époque de la bulle Internet, dans les années 2000-2001, nous estimions qu'il y avait moins de 1 000 Business Angels et quasiment aucun réseau formel facile à identifier, à la fois pour les entrepreneurs et pour les investisseurs qui souhaitaient s'adonner à cette activité sur le territoire.

En 2005, la France compte 3 000 Business Angels, avec 32 réseaux. Fin 2007, 5 000 Business Angels, avec 59 réseaux. Dans les années à venir, le nombre de réseaux de Business Angels augmentera fortement, avec un nombre croissant d'investisseurs. Première remarque, les chiffres de la case de gauche ne représentent pas le nombre de Business Angels présents dans les réseaux. En France, ce volume est évalué à près de 50 %. Pour comparaison, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, la part de Business Angels syndiqués, c'est-à-dire qui sont dans des réseaux très souvent fédérés par des associations nationales, représentent environ 10 à 15 % maximum. La France, elle, compte près de la moitié de ses Business Angels syndiqués dans ces réseaux, parce que la dynamique du mouvement a été très différente.

Le premier message montre que la multiplication du nombre de Business Angels en France ne se fait pas par la multiplication du nombre de Business Angels dans des réseaux, mais plutôt par la multiplication du nombre de réseaux. Quel sens donner à cette évolution ? Cela veut dire qu'un réseau de Business Angels, un groupe de Business Angels qui décide d'investir à plusieurs n'a pas vocation à regrouper des centaines d'investisseurs : les Business Angels, pour investir le mieux possible, ont besoin de se connaître et de se faire confiance. Un réseau qui dépasse le seuil de la centaine d'investisseurs peut souffrir de sa taille et avoir des difficultés à fonctionner. Voilà pour les perspectives de développement du nombre. Vous voyez donc que nous sommes donc sur un trend très positif.

Les structures des Business Angels en France

Maître ROULIN l'a déjà souligné tout à l'heure, les Business Angels adoptent aujourd'hui deux formes de regroupement :

- les sociétés financières. Aujourd'hui, l'essentiel de ces regroupements formels sont des associations loi 1901 de Business Angels qui décident simplement de créer une structure formelle qui a pour objet d'identifier des porteurs de projets, de sélectionner, d'évaluer les projets, de présenter les projets aux investisseurs. Les investisseurs décident ensuite, individuellement, d'investir dans les projets. Ils peuvent, bien sûr, investir à plusieurs, mais la décision d'investissement est prise par chacun de ces investisseurs. Ensuite, ces investisseurs assurent le suivi en aval et jouent leur rôle de Business Angels. Ce ne sont pas que des investisseurs, mais également des entrepreneurs au service d'entrepreneurs. C'est-à-dire qu'ils assurent un accompagnement comme suite à l'investissement.

- Quasi 25 % des réseaux ont, en parallèle de ces structures associatives, créé des pots communs, des sociétés financières pour créer un dispositif complémentaire à l'association. Nous voyons aujourd'hui que la quasi-totalité des réseaux a en projet cet objectif de créer des sociétés financières. Certains les ont déjà créées, mais beaucoup d'entre eux attendent des éclaircissements, notamment sur la loi Tepa, pour définir leurs options juridiques ou fiscales. Pour ceux qui en sont avertis, l'alternative porte sur la SA, SAS ou sur le statut SCR. Quand maître ROULON parlait de ces fameuses holdings éligibles à l'ISF, il faut savoir que les SCR en sont exclues. Si les holdings ne présentent pas d'intérêt, ces initiatives se transformeront plutôt en SCR. Voilà pour les types de structures.

Les volumes d'investissement

Ces réseaux de Business Angels représentent – et j'insiste – la partie visible de l'iceberg. En ce qui concerne les investissements, nous avons commencé à récolter des chiffres à partir de 2006 :

- en 2006, 150 projets financiers ont été recensés pour un total de 26 millions d'euros, soit un ticket moyen de 170 K€ par investissement, et non par Business Angel.

- En 2007, même si ces chiffres seront consolidés dans les semaines à venir, 220 projets pour environ 42 millions d'euros, donc un ticket moyen en sensible augmentation. Pourquoi ? Cela tient à la multiplication du nombre d'investisseurs dans les réseaux et non à la multiplication du ticket par Business Angel. Le montant du ticket par Business Angel semble avoir très peu augmenté.

- Selon nos estimations, en 2012, partant du principe que nous avons des avantages fiscaux « faciles » à utiliser, les projets financés seraient de l'ordre de 600 par an, 200 millions d'euros d'investis pour un ticket moyen compris entre 300 et 350 K€. Ces montants, et notamment les montants totaux investis, semblent faibles en comparaison avec les chiffres annoncés ailleurs. Cela dit, il faut souligner que nous parlons d'investissements dans de très jeunes entreprises en phase d'amorçage. Parlez-en à tous les entrepreneurs de votre entourage : il est beaucoup plus facile aujourd'hui de lever 2 millions ou 10 millions d'euros que de trouver 150 ou 200 K€ pour démarrer, quand le concept n'est pas encore probant, quand les clients sont encore peu nombreux. Oui, globalement, ce n'est pas beaucoup d'argent, mais c'est de l'argent « qui vaut de l'or ».

Dernière petite comparaison. Les chiffres sont incomplets, mais ces données sont très difficiles à collecter. Au Royaume-Uni, le ticket moyen aujourd'hui est très nettement supérieur à ce que font les Français. À cela, deux raisons principales dont le rôle essentiel d'une mesure incitative. Certains d'entre vous en m'écoutant s'étonnent peut-être de mes propos : je parle beaucoup de fiscalité. Pourtant, l'objectif, la motivation des Business Angels ne se limitent pas à cela, bien sûr.

Bien sûr, la motivation première des Business Angels reste l'espoir de plus-values et ce plaisir de soutenir des jeunes entrepreneurs. Mais l'incitation fiscale a plusieurs vertus :

- La première est un effet d'aubaine. Cet effet est très clair et nous commençons déjà à le ressentir aujourd'hui. C'est-à-dire qu'un certain nombre de personnes qui en premier lieu cherchent à défiscaliser et qui par ce biais en cherchant à ne pas payer leur ISF, découvrent l'activité de Business Angel, y trouvent un intérêt très fort et rejoignent les réseaux.

- La deuxième concerne les investisseurs déjà actifs. Ceux-là investissent davantage. Dans le système anglais, il n'y a pas de plafond comme en France, donc les investisseurs sont plutôt incités à investir des sommes très importantes.

Le défi en France aujourd'hui

L'enjeu en France aujourd'hui est, bien sûr, d'augmenter le nombre de Business Angels. L'enjeu tient surtout à augmenter le nombre et le montant moyen du ticket annuel. Aujourd'hui, le volume du ticket n'est pas assez important en France. Nous progressons : des entrepreneurs trouvent maintenant des financements auprès de Business Angels, le système se structure en France, mais les tickets restent encore beaucoup trop faibles.

Cet article fait partie du colloque Allons chercher la croissance ! Les entrepreneurs sont notre avenir.