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Hôpitaux et logique comptable : des sondages illusionnistes

Le renforcement du pouvoir des directeurs d'hôpitaux prévu par la loi Bachelot « risque de privilégier la logique comptable au détriment de la logique de santé » : l'institut de sondages BVA a trouvé 74% des sondés d'accord avec cette affirmation.
D'où, bien entendu, la conclusion que la réforme est très majoritairement désavouée et que les Français condamnent la politique de Nicolas Sarkozy en matière de santé.

Comme souvent dans les sondages, la réponse est dans la question. Présenter en effet la réforme comme un problème d'opposition entre une bonne gestion et la qualité des soins est un insupportable mensonge intellectuel. Faudrait-il qu'une entreprise n'ait pas besoin d'être dirigée ni correctement gérée pour remplir ses missions au prétexte qu'elle est un service public ? Et prétendre qu'un service public ne doit pas être comparé à une entreprise parce qu'elle deviendrait de ce fait orientée vers le « profit » est un autre mensonge : il n'a jamais été question de profit pour les hôpitaux, simplement du bon usage des deniers publics, ce qui n'a rien à voir.

La réforme étant centrée sur la gestion, la formulation honnête de la question posée aux sondés aurait été de demander si « bien gérer les hôpitaux est contraire à la qualité des soins ».
Le résultat eût probablement été tout autre ! Tout au contraire, la question telle qu'elle a été posée élude le souci de bonne gestion en s'adressant uniquement à l'aspect comptable, et finalement implique que la santé, c'est comme l'amour : quand on soigne, on ne compte pas… Autre fable à l'usage des candides.

Il y a une perfidie inhérente à ce type de sondage, il accrédite l'idée reçue et erronée qu'il faut choisir entre une bonne médecine et une bonne gestion. Dès lors, la réponse venant des sondés ne peut pas être autre que ce qu'elle a été et le débat public et politique s'en trouve faussé.