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Et au fait, que sont devenus Goodyear Amiens et Maurice Taylor ?

Vous vous en souvenez probablement à peine, de la saga Goodyear et de la proposition de reprise par Titan, dont le PDG Maurice Taylor avait défrayé la chronique mais quand même en janvier dernier réaffirmé son intérêt pour cette reprise après un accord intervenu entre salariés et Goodyear. A l'époque Arnaud Montebourg se félicitait de ce que cet accord allait enfin permettre de reprendre les pourparlers sur de bonnes bases. Qu'en est-il advenu ?

Eh bien, neuf mois plus tard, rien du tout. Car les contentieux ne font en fait que commencer ! En effet, on croyait que, après sept années de conflits, l'accord intervenu entre les salariés et Goodyear, qui en janvier avait abouti en faveur des premiers à rien moins qu'un triplement des indemnités de licenciement (jusqu'à 130.000 euros pour certains), sonnait la fin des hostilités et l'espoir d'un nouveau redémarrage.

Mais c'était sans compter sur l'acharnement de la CGT. Les salariés, tout en percevant ces indemnités, ont attaqué Goodyear pour voir juger que le licenciement était « sans cause réelle et sérieuse ». L'audience de conciliation vient, début octobre, de se tenir au Conseil des prud'hommes, et il ne s'y est rien passé (comme il est de règle dans cette procédure qui veut qu'il y ait une audience obligatoire de conciliation avant l'audience de jugement, encore une procédure qui aurait bien besoin d'une réforme). Le 6 octobre, soit quelques jours plus tard, l'inspection du travail vient de son côté de refuser d'autoriser le licenciement des salariés protégés dans le cadre de la procédure administrative spéciale applicable aux salariés protégés… et susceptible de trois recours successifs devant le ministre du Travail, la cour d'appel et le Conseil d'État. Et puis il y aura parallèlement pour les autres salariés le jugement des prud'hommes avec ses recours devant la cour d'appel puis la Cour de cassation, et la possibilité de divergences de décisions entre Conseil d'État et Cour de cassation, etc.

Et le train-train de l'affaire continuera d'occuper parties et tribunaux encore pendant des années. Entre temps l'usine pourrit, ses bâtiments et son matériel ont perdu toute valeur, et Maurice Taylor a dû déjà tout oublier de ses propositions et conclure pour de bon que les Français, qui sont par ailleurs des gens remarquables, sont complètement fous…

Pendant ce temps aussi, et cette affaire comme celle de General Electric, ont imprimé dans les têtes américaines que, mis à part certains atouts, la France n'est guère attractive. Les récentes statistiques ont montré que la France est largement à la traîne derrière Royaume-Uni et Allemagne en termes d'investissements, et les sondages de la Chambre de commerce américaine et de l'institut Bains font encore tomber à 12% le pourcentage de perception positive des dirigeants américains (premiers investisseurs étrangers en France) en 2014, contre 13% en 2013, 22% en 2012 et 56% en 2011. Ce qui n'a pas empêché François Hollande d'inviter au cours d'un dîner les patrons étrangers à écouter son discours vantant les mérites de la France. Lesquels patrons ont déclaré attendre des actes, et ne pas apprécier les signaux contradictoires comme la trouvaille du compte pénibilité. Les réformes structurelles, on sait pourtant de quoi il s'agit, et aussi ce qu'elles ne devraient pas être.