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Dépenses de protection sociale : La France championne d'Europe

... et du monde !

C'est une statistique Eurostat de fin octobre qui est passée inaperçue, probablement parce que les Français s'intéressent peu aux comparaisons internationales. La France est, depuis 2007, championne du monde des dépenses de protection sociale, calculées en pourcentage du PIB (30,5%). Eurostat fournit les données pour l'Europe à 25, et l'on sait aussi qu'aucun autre pays dans le monde n'atteint les chiffres européens. Nous extrayons ci-dessous les données pour cinq pays significatifs ainsi que la moyenne européenne.

Lecture : La France, contrairement aux autres pays et particulièrement aux pays scandinaves traditionnellement en pointe à ce sujet, est le seul pays à ne pas avoir contenu ou diminué mais au contraire augmenté ses dépenses entre 2000 et 2007.

Rappelons que la protection sociale, à ne pas confondre avec la seule Sécurité Sociale, comprend les prestations de maladie/santé, vieillesse/invalidité, chômage, famille, logement et exclusion sociale.
Le total de ces dépenses se montait en 2007 à 550 milliards d'euros, dont environ les deux tiers au titre des deux premiers postes, ce qui soulève bien entendu les problèmes lancinants de la santé et des retraites.
Par ailleurs, Eurostat nous apprend aussi que la France consacre 4,1% de ses dépenses aux coûts administratifs de gestion. Elle se situe cette fois 1 point au-dessus de la moyenne de l'UE, ce qui fait quand même plus de 5 milliards d'euros (plus de 11 fois le coût du fameux bouclier fiscal) que l'on peut attribuer chaque année à une gestion laxiste ou déficiente du système.

Les années 2008 et 2009, pour lesquelles on ne dispose pas encore de chiffres comparés, doivent se traduire par une nouvelle augmentation des dépenses. On sait d'ores et déjà que les comptes sociaux seront dans le rouge de plus de 23 milliards d'euros pour 2009, et plus de 30 milliards sont attendus pour 2010.

Les Français sont, comme beaucoup d'autres, dans l'expectative la plus complète sur la résorption des déficits publics en général, ce qui n'est guère étonnant dans la mesure où la solution dépendra d'événements mondiaux. Mais la réduction du déficit des comptes sociaux en particulier est une question « structurelle » sur laquelle il n'est pas normal de ne rien entendre de précis de la part du gouvernement. Il faudra certainement faire feu de tout bois : résoudre le problème des retraites qui ne l'a absolument pas été en 2003, monter le taux ou élargir l'assiette des cotisations, réduire les niches sociales…Mais il faut aussi que l'on s'attaque sérieusement à stopper la progression des interventions de l'Etat, et en profiter pour baisser les coûts de gestion.

La France ne va pas pouvoir faire cavalier seul !