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Comment faire baisser le chômage des jeunes ?

Nicolas Bouzou a répondu aux questions de la Fondation iFRAP suite à la remise d'un rapport au premier ministre. Il y évoque les méthodes pour faire baisser le chômage des jeunes.

Fondation iFRAP. Vous avez remis avec Luc Ferry un rapport au Premier ministre sur la jeunesse. Avez-vous espoir que l'on puisse faire baisser le taux de chômage des jeunes qui reste très élevé en France ? [(Nicolas Bouzou est économiste, directeur d'Asterès, qu'il a fondée en 2006. Il est également membre du Conseil d'analyse de la société auprès du Premier Ministre. Directeur des études à la Law & Management School de Paris II Assas, il y enseigne en MBA.)]

Nicolas Bouzou. C'est possible si l'on change le fonctionnement de l'économie. Il faut bien voir que le marché du travail français fonctionne comme une immense machine à redistribuer, au profit des adultes de 35 à 50 ans. En revanche, les jeunes et les seniors sont pénalisés par des taux de chômage très élevés. Ce constat vaut pour tous les pays développés, mais le ratio taux de chômage des jeunes / taux de chômage des adultes est particulièrement élevé chez nous car les files d'attente sur le marché du travail sont très longues. Je ne suis pas certain que cela plaide nécessairement pour des politiques ciblées sur les jeunes mais plutôt pour des politiques globales de flexibilisation du marché du travail, de meilleure prise en charge des demandeurs d'emplois et des politiques macroéconomiques plus orientées vers la croissance. En menant tout ceci de front, oui, le chômage des jeunes peut baisser.

Fondation iFRAP. Nous avons travaillé à la Fondation iFRAP sur un projet de SMIC jeune ou à tout le moins de charges réduites pour les jeunes. Beaucoup de pays ont adopté des taux de salaire minimum réduits pour les jeunes. Vous n'évoquez pas cette piste dans votre rapport, qu'en pensez-vous ?

Nicolas Bouzou. Ces pistes sont très intéressantes mais nous ne les avons pas retenues pour deux raisons. D'abord, les jeunes rejettent souvent les politiques qui les ciblent, car ils estiment qu'elles sont stigmatisantes. Ce qui n'est d'ailleurs pas faux. Ensuite, si vous baissez les charges sur les salaires des jeunes, vous augmentez le taux l'emploi pour cette catégorie de la population, mais peut-être au détriment des séniors ! C'est pourquoi nous préférons les politiques globales.

Fondation iFRAP. Il nous semble aussi que le modèle allemand en matière d'apprentissage est très intéressant, vous l'évoquez dans votre rapport : "un système d'apprentissage qui facilite le passage de l'école à l'emploi". La France ne devrait-elle pas s'en inspirer ?

Nicolas Bouzou. Bien sûr. Avec Luc Ferry, nous proposons notamment la création de véritables filières d'excellence techniques dans des domaines comme l'artisanat, la construction navale, la restauration... la création d'équivalents de polytechnique ou d'HEC. Ca ne veut pas dire que tout le monde ira dans ces écoles, mais il s'agit de revaloriser enfin les voies professionnelles.