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Augmentation du chômage : surtout un manque de créations d'emplois

Le chômage est un différentiel entre le flux des entrées à l'ANPE et celui des sorties, et les unes comme les autres ont de multiples causes. Sur le seul mois d'octobre 2008, le total de ces flux se monte à 719.500.

L'étude conjointe des ministères de l'Economie et du Travail sur « le marché du travail en octobre 2008 » nous a appris que le nombre des chômeurs inscrits à l'ANPE avait augmenté de près de 50.000.
Comment retrouver dans les flux considérables d'entrées et de sorties les éléments permettant de retracer les causes du chômage ?
Nous avons extrait de l'étude les données pertinentes en vue de la comparaison sur six années de l'évolution du nombre des licenciements par rapport à l'évolution du chômage et des reprises d'emploi.

Licenciements économiques, autres licenciements et évolution des reprises d'emploi ainsi que des demandes d'emploi en octobre de chaque année

Source DARES. Données CVS pour l'emploi de catégorie 1.

Ce tableau montre que la remontée du chômage que nous observons depuis quelques mois (courbe des demandes d'emploi) est due à la chute des reprises d'emploi, et non aux licenciements économiques ni aux « autres licenciements » dont le nombre est à peu près constant. Une autre constatation importante qui ressort de l'étude est que les licenciements économiques n'expliquent le chômage, et ce depuis longtemps, que de façon très marginale puisque les demandes d'emploi ne dépassent pas 3,3% des inscriptions à l'ANPE en octobre 2008, et les autres licenciements 16% des mêmes inscriptions [1].

Certes il ne s'agit que d'une photographie de la situation d'octobre 2008, et les prochains mois peuvent montrer une augmentation des licenciements. Il n'en reste pas moins que, alors que la crise apparaît déjà dans les chiffres, le combat pour l'emploi ne se situe qu'à la marge au niveau du contrôle des licenciements. En particulier le discours de la gauche sur les licenciements « boursiers » (attribuables à la seule recherche de profit) et autres délocalisations, ne peut pas rendre compte des difficultés de la France.
On peut même caricaturer le propos en affirmant que l'interdiction pure et simple des licenciements, cheval de bataille d'une certaine frange politique, au-delà d'une aberration économique, ne serait guère que cautère sur jambe de bois.

Le paramètre sur lequel il faut agir est celui des embauches et non celui des pertes d'emploi [2].
En effet, sur le même mois d'octobre 2008, le nombre des reprises d'emploi a fortement diminué comme le montre le tableau ci-dessus. Et on n'a pas encore trouvé, même chez les tenants de l'économie administrée, de moyen pour contraindre les entreprises à embaucher : le seul moyen est d'aider à créer et développer ces entreprises qui manquent cruellement de capitaux. C'est l'un des combats de l'IFRAP que d'œuvrer pour rendre ces capitaux disponibles.

[1] Nous n'avons pas fait figurer le nombre des inscriptions pour ne pas nuire à la lisibilité du tableau.

[2] Certes les licenciements ne rendent pas compte de la totalité des pertes d'emploi puisque les fins de CDD et de mission d'intérim peuvent leur être assimilées, et que le recours aux départs volontaires est aussi de nature à fausser les statistiques des plans sociaux. Il n'en reste pas moins que, vu l'importance relative des chiffres en jeu, l'insuffisance des embauches est le facteur déterminant.