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Après la crise, qui faut-il sanctionner dans les banques ?

Paradis fiscaux, spéculateurs, traders, hedge funds ont été vilipendés et sanctionnés sans que leur implication dans la crise financière de 2007-2008 soit très claire. Reste encore un coupable tout désigné comme l'a montré l'initiative de Cantonna ou les propositions de droite et de gauche : il faut sanctionner le système bancaire. Mais qui c'est, les banques ?

Les dirigeants des banques sont sans doute les premiers visés par cette menace, mais ceux de la Société Générale, de Dexia, du Crédit Agricole, des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires ayant déjà été renvoyés, il semble difficile de faire plus.

Sur la liste des suspects, les actionnaires des banques sont les suivants. Après tout, ce sont eux qui avaient plus ou moins choisi ces dirigeants et cautionné leurs politiques voire encouragé leurs prises de risques excessives. Mais les actionnaires des banques et des assurances à problème (Lehman Brothers, Northern Rock, Allied Irish Bank, Dexia, Fortis et de nombreuses autres) ont déjà été bien sanctionnés puisqu'ils ont perdu tout ou une grande partie de leur capital.

Après les actionnaires, les salariés. Les hauts dirigeants n'ayant pas pu agir seuls, faut-il s'attaquer aux personnels de banques ? Dans les banques qui ont fait faillite, des centaines de milliers de salariés ont déjà perdu leur travail. Dans les autres moins touchées, la crise a sérieusement ralenti les carrières de la majorité des salariés. Faudrait-il baisser les salaires de tous les employés de la BNP, du Crédit Lyonnais ou des Caisses d'Epargne de 20 % ?

Idiot ? Alors pourquoi pas les clients ? Côté dépôts, certains clients particuliers des banques ont perdu une partie de leurs investissements gérés par leurs banquiers, mais cela ne semble pas anormal. D'une part ils avaient choisi des placements risqués, et d'autre part ils avaient choisi une mauvaise banque. Les dépôts de tous les autres clients français « ordinaires » ont été protégés. Personne ne propose de les sanctionner, au contraire, il y eut unanimité pour réclamer le relèvement du niveau des dépôts garantis. Côté emprunts, les entreprises ayant déjà beaucoup souffert du gel des prêts pendant deux ans, il semblerait étrange de les pénaliser encore plus.

Les organismes de contrôle. Avant la crise, il existait bien en France comme dans les autres pays et sans doute à Bruxelles, des organismes officiels de contrôle (AMF, Commission de Contrôle des Banques à la Banque de France, Direction de la concurrence et des fraudes) dont aucun n'a curieusement été inquiété. Grâce à la crise, ils ont au contraire obtenu un renforcement de leurs pouvoirs et de leurs budgets.

Les politiques et l'administration. Il existe un certain consensus pour admettre que les risques pris sur les marchés financiers par des opérateurs privés ont été rendus possibles par les politiques monétaires laxistes des Etats. Le but des gouvernements et des administrations était, pour gagner les élections suivantes, de masquer les déficits des Etats par une expansion artificielle et de repousser sans cesse les réformes de fond. C'est le cas aux Etats-Unis mais aussi dans de nombreux pays d'Europe.

La prochaine fois qu'on vous dira à droite ou à gauche « Il faut punir les banques », demandez « Qui c'est les banques ? ».