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25.000 milliards perdus dans la crise financière

Relativité du sensationnel

Les médias et surtout les journaux ont besoin du sensationnel pour vendre. Nombreux ont été les lecteurs du Monde frappés par l'article de première page de vendredi dernier annonçant que le marché avait perdu dans la crise 25.000 milliards.

La réalité est un peu plus élevée et plutôt de l'ordre de 30.000 milliards d'euros. Mais cela dépend beaucoup des taux de change du $ dont on sait qu'il vient de changer considérablement.

C'est énorme et cette crise dramatique est en train de bouleverser et la société et des millions de personnes qui ont vu ou vont voir leurs économies fondre, et leur avenir s'assombrir.

Il faut cependant ne pas confondre chute des patrimoines et chute des revenus.

Si le total du patrimoine mondial aura fondu de moitié, les revenus vont souffrir mais en moyenne, ils ne vont baisser que de quelques pour cent.

La différence de comportement des patrimoines et des revenus est saisissante. Ainsi en France, le patrimoine national total a crû à un rythme annuel de 13% par an entre 1995 et 2007 alors que le PIB n'a crû que de 2,5% en moyenne, 5% en euros courants. Ceci provient de ce que les revenus et le PIB sont fondés sur des échanges, les patrimoines sur des évaluations. C'est un dégonflement du soufflé des patrimoines auquel on assiste pour ramener le taux de croissance de ce patrimoine à celui des revenus, son seul fondement.

Pour beaucoup heureusement, leur salaire ne sera pas ou peu affecté même si le portefeuille de titres qu'ils avaient constitué ou le prix du marché de leur maison chutent de 50%.

Malgré l'effondrement des patrimoines, l'économie va continuer de tourner. Traçant il y a quelques années l'évolution de PIB français en fonction du temps, il était très surprenant de voir que les crises qui nous avaient si fortement secoués, apparaissaient à peine comme de petites ondulations sur la courbe exponentielle qui retrace l'évolution de la moyenne des revenus, étroitement liée au Produit Industriel Brut (PIB).

Même si ce n'est pas une consolation, la vitesse de croissance de l'économie, le coefficient de l'exponentielle, a des effets beaucoup plus importants sur la richesse d'un pays que les crises.

Si un troc était possible, et s'il avait un sens, il vaudrait infiniment mieux avoir une crise de plus comme celle-là mais changer notre croissance annuelle à 2 % pour une croissance à 4 % comme les Etats-Unis.