La loi LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités) du 10 août 2007 a eu l'effet d'un big-bang dans l'enseignement supérieur et la recherche. Ambitieuse, et suivant de près la loi de 2006 sur les Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), elle pose les premières pierres d'une université française rénovée.

Mais il faut aller bien plus loin que ce qui a été fait jusqu'à présent pour une réforme vraiment efficace de nos universités.

Désormais, les universités gèrent leurs budgets, elles sont plus libres dans leurs recrutements et les portes ont été ouvertes vers le monde de l'entreprise. La gouvernance a été simplifiée, les conseils d'administration ne comptent que 30 membres au maximum contre 60 auparavant. Les enseignants-chercheurs ont vu leur statut se moderniser et l'immobilier universitaire est en voie de transfert aux établissements.

Mais cela reste un premier pas. En effet, la réforme n'est pas allée au fond du projet d'autonomie qu'elle portait. Il reste beaucoup à faire pour que le monde professionnel trouve véritablement sa place dans un monde fortement recroquevillé sur lui-même. Les personnalités extérieures, moins d'un tiers des membres des conseils d'administration, ne votent toujours pas pour élire les présidents. Les fondations sont encore anecdotiques, à peine 39 universités sur 80 en ont créé. Le statut des 59.400 enseignants-chercheurs est toujours aussi pénalisant, parce que l'évaluation n'est pas normalisée. La gouvernance simplifiée reste inefficace, d'autant que plusieurs niveaux de pouvoir se superposent désormais : PRES et universités.

Concernant les 18,6 millions de mètres carrés d'immobilier de l'enseignement supérieur, le principe de dévolution est acté sur le papier, mais, faute de volonté réelle, ne sera pas effectif avant longtemps. Quant aux financements de l'enseignement supérieur représentant plus de 25 milliards d'euros en 2011 dans le budget de l'État, leur attribution, leur gestion et la transparence qui les entourent restent chaotiques, comme en témoigne l'échec du dispositif de financement SYMPA.

Il est urgent de réagir car, pour l'instant, nous nous privons de l'excellence de notre enseignement supérieur et de nos chercheurs, condamnés à s'exiler ou à ne bâtir que des initiatives isolées. Dans un rapport publié en 2011, l'Association européenne des universités (EUA) pointe les insuffisances de la France en matière d'autonomie. La LRU a posé les premiers jalons, nous les avons passés au crible. Cet examen indispensable est le préalable pour une nouvelle réforme que nous esquisserons.

Sommaire de l'étude : 

- Enseignants-chercheurs : la mutation inachevée
- Recherche : un pas vers l'excellence
- Une gouvernance simplifiée, mais encore largement perfectible
- Finances et immobilier : là où le chaos persiste…
- Nos propositions pour des universités solides et autonomes, d'excellence et ouvertes sur le monde
- Focus : la LRU à Paris – Les universités passées au crible

Addendum : les données sur les publications scientifiques apparaissant en I.3. du dossier (p.12-13) proviennent de Scopus, base de données sur la recherche dans le monde, développée par Elsevier (http://www.info.sciverse.com/scopus). Nous vous prions d'excuser l'oubli dont cette source à fait l'objet.