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Rythmes scolaires : la confusion

Comment en sortir ?

Les causes d'un désordre : une décision ministérielle dictée par le désir de complaire à deux lobbys : celui des « chronobiologistes » et la FCPE, et par la volonté assumée de défaire systématiquement ce qu'avaient fait les gouvernements précédents en dix ans. Les rythmes scolaires, réformés par Xavier Darcos, offraient deux avantages : ils libéraient le week end pour les enfants et leurs familles et ils assuraient aux élèves qui éprouvent des difficultés un soutien massif hebdomadaire de deux heures en petits groupes. Les écoles et les communes pouvaient choisir de travailler 9 demi journées (avec le mercredi matin).

  • La méthode employée est caractéristique de la brutalité de ce gouvernement et de son amateurisme dans la mise en œuvre de ses mesures : ainsi les grandes associations d'élus, pourtant financeurs, n'ont été consultées qu'à la va-vite et leurs avis ignorés. Le coût du décret Peillon pour les collectivités est de l'ordre de 800 millions d'euros de dépenses nouvelles. Nul ne l'avait vraiment anticipé.
  • La pression sur la hiérarchie de l'Éducation nationale a été maximale : décret, circulaires, brochures diverses, pression sur les recteurs, les DASEN et les IEN, « groupes d'appui départementaux », comités de suivi, intervention de l'Inspection générale, séminaires de relance.
  • Un constat accablant : des inégalités criantes en matière de contenus éducatifs des projets éducatifs territoriaux. La qualité des activités périscolaires est trop souvent discutable, la confusion entre l'éducatif et le péri-éducatif est fréquente. Un rapport d'étape de l'Inspection générale énumère sans complaisance tous ces dysfonctionnements. Paradoxe pour un gouvernement qui prétend faire de l'éducation sa priorité : les horaires d'enseignement diminuent d'une heure par semaine et il est mis fin aux heures d'aide personnalisée. Ajoutons que les emplois du temps des élèves sont devenus très complexes et que l'on a noté un surcroît de fatigue chez les plus jeunes d'entre eux.
  • Des dégâts collatéraux : la loi de « refondation » (sic) sera passée quasi inaperçue à cause (ou grâce) du (au) décret Peillon. L'opposition des personnels du premier degré reste entière (malgré une nouvelle indemnité de 400 euros/an, (coût, environ 150 millions d'euros en année pleine), de l'avis des responsables territoriaux du système éducatif, le temps et énergie consacrés à la mise en place à marche forcée des nouveaux rythmes ont distrait les autorités académiques et les cadres pédagogiques de tâches urgentes au vu de l'état des performances de l'école primaire et du collège dans la maîtrise des fondamentaux.

En sortir, mais comment ?

Quelques principes simples autour de l'abrogation possible du décret Peillon.

  • La question des rythmes scolaires ne peut être abordée « hors sol ». Considérer la diversité des contextes : écoles rurales, urbaines, d'éducation prioritaire, intercommunales, de taille variable. Redonner aux collectivités territoriales la responsabilité d'arrêter les rythmes hebdomadaires de fonctionnement de l'école primaire. Cette réforme aurait pu être utilement l'occasion de réunir des écoles, d'offrir un meilleur service aux familles par mutualisation…
  • Les nouvelles dispositions réglementaires pourraient prévoir de laisser les collectivités (communes et intercommunalités) administrer librement ce domaine, notamment en leur laissant le choix de l'échelon territorial compétent pour arrêter la décision.
  • L'État conserve la responsabilité de la définition de l'année scolaire : les congés scolaires impactent l'économie, la vie sociale, les mouvements saisonniers de population, l'environnement, etc. Il serait opportun d'allonger l'année scolaire de deux ou trois semaines, à répartir entre les « grandes vacances » et les congés intermédiaires : et ainsi rattraper du temps d'apprentissage perdu dans les décennies précédentes et encore tout récemment avec le décret Peillon.