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Grèves des enseignants-chercheurs

Valeurs Actuelles a publié dans son N° du 5 mars une tribune signée d'un professeur agrégé de droit privé, J-C. Galloux, qui critique vivement la réforme Pécresse organisant le contrôle des performances des professeurs.
Selon lui, l'indépendance des professeurs "n'est pas un privilège" mais "assure la liberté de l'enseignement et de la recherche". Seuls des pairs, organisés par discipline sont à même d'assurer ce contrôle et surtout pas les présidents d'université auxquels cela "conférerait les pleins pouvoirs".
De même, il considère comme absurde de demander plus d'enseignement à ceux qui font moins de recherche".

Nous publions ci-après la réaction d'un internaute.

« Je reste sidéré en lisant le papier de M. Galloux dans le dernier numéro de Valeurs actuelles ; je précise d'abord que j'ai fait des études supérieures (Polytechnique), et que j'ai, en fin de carrière, dirigé un important Centre Technique Industriel (environ 350 chercheurs). J'ai donc connu d'excellents enseignants et d'excellents chercheurs.

Mais quiconque est de bonne foi doit reconnaître que les qualités nécessaires à un bon enseignant et celles nécessaires à un bon chercheur ne sont pas les mêmes. Que certains, très doués, cumulent les qualités des deux, c'est évident. Mais c'est loin d'être la majorité.

Donc c'est le principe même de l'enseignant chercheur qui doit être revu : ne mettre dans cette catégorie que ceux qui ont effectivement les qualités des deux. Je suis incapable de dire, parmi les excellents enseignants que j'ai eus, ceux qui étaient aussi d'excellents chercheurs (en dehors de personnalités comme M. Leprince Ringuet). Mais je peux dire que, parmi les chercheurs de mon Centre Technique Industriel, 20% environ étaient de très bons pédagogues, 30% des pédagogues acceptables, et la bonne moitié étaient faits pour tout, sauf pour enseigner.

Et si les mauvais chercheurs de M. Galloux sont également de mauvais enseignants, il vaut mieux prévoir leur reconversion. Hélas, ce mot est vide de sens pour des hommes qui ont la garantie d'un emploi à vie, si mauvais soient-ils !

Quant à l'évaluation, je peux affirmer que, dans mon Centre Technique, j'avais, avec la hiérarchie, tous les éléments en main pour évaluer les chercheurs. Et, en 5 ans, je n'ai pas connu plus de deux ou trois litiges. Alors que l'évaluation "par des pairs" laisse évidemment toute sa place à la crainte de "clans".

Je pense donc tout à fait regrettable que l'on ait obligé Madame Pécresse à revoir son décret, et j'espère vivement qu'elle ne donnera pas satisfaction à des revendications qui cachent mal leurs véritables intentions. »