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Comment la perversité de la règlementation conduit à son contournement

Voici le témoignage reçu d'un de nos lecteurs :

« Il existe une façon très simple de contourner la jurisprudence sociale française de lutte des classes, c'est d'assumer purement et simplement le licenciement abusif et son coût, mais sans perdre de temps en passant par la case tribunal.

Concrètement, dès qu'un salarié témoigne d'une attitude contraire aux intérêts de l'entreprise, c'est à dire à mes intérêts, je le licencie pour le premier motif venu (léger retard,etc...) mais en qualifiant sa faute de lourde, soit licenciement sans préavis ni indemnités.

Dans la période qui s'écoule entre la convocation et la signification du licenciement (après IP), le salarié est en mise à pied conservatoire donc non payé.

Après le licenciement, j'attends l'assignation devant les Prud'hommes (en général 3 à 6 mois)

Une fois celle-ci parvenue, mon conseil contacte la partie adverse et obtient un désistement complet moyennant une transaction correspondant à 6 mois de salaire net max. (les deux mois de préavis non payés sont inclus dans cette somme).

J'en suis à mon troisième licenciement avec cette méthode en 6 ans et elle me donne entièrement satisfaction.

Je paye, mais je vire quand je veux, et qui je veux ! »

Ce chef d'entreprise a 18 salariés sous ses ordres. Mais la pratique qu'il décrit est aussi le fait de grandes entreprises, et tend à être utilisée aussi bien dans le cas de licenciements individuels que dans celui des licenciements économiques, dont les statistiques démontrent la forte diminution. Ces statistiques expriment une réalité faussée par les comportements.

La référence à la lutte des classes est le fin mot de ce témoignage qu'il serait trop facile de résumer en une prise de position cynique. Une règlementation perverse génère des contournements pervers mais contraints. Le slogan de la lutte des classes s'auto-alimente ainsi dans une suite ininterrompue de réactions réciproques où les jeux de rôles tiennent une place majeure. Pourra-t-on jamais sortir de cette crispation des rapports du travail ?